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AUTONOMIE ALIMENTAIRE OUI ET NON...

SARA BROSSEAU sbrosseau@lequotidien.com

Pain maison, jardinage, achat local; si la pandémie a causé bien des soucis depuis mars 2020, elle a aussi été l’occasion pour plusieurs familles d’entreprendre un important virage plus sain et écologique par le moyen notamment de l’autosuffisance alimentaire. Ce mode de vie, bénéfique sur plusieurs points, est cependant très complexe à entreprendre. Le Toit & Moi s’est penché sur la question.

QU’EST-CE QUE L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE ?

Il s’agit de la capacité à satisfaire ses besoins d’alimentation de manière qualitative et quantitative à travers ses propres moyens de production. C’est une longue démarche pour être moins dépendant des systèmes d’approvisionnement et avoir un meilleur contrôle sur sa santé et la nourriture qui entre dans son corps. L’autonomie alimentaire peut être au niveau familial, individuel ou encore à l’échelle locale.

Depuis la pandémie, cette pratique est de plus en plus populaire, il y a eu, entre autres, un regain pour le jardinage et la fabrication de pain.

PAS SI FACILE

Le directeur de la Chaire en éco-conseil de L’UQAC, Claude Villeneuve, souligne que l’autosuffisance alimentaire est un objectif extrêmement difficile à atteindre pour un petit groupe, il faut donc que nos attentes soient précises pour y arriver. « Si tu veux cultiver suffisamment de gruau pour toute l’année, ça prend un champ d’avoine. Mais, ça nécessite aussi les moyens pour la récolter, la transformer et la conserver pour assurer la quantité et la qualité. […] Pour faire des conserves, tu as besoin d’un autoclave. […] Tes poules, tu dois les nourrir et leur aménager un espace. » Donc, il faut bien réfléchir avant de se lancer, car ce mode de vie demande beaucoup de travail pour des résultats qui n’assurent pas toujours une sécurité alimentaire.

D’ailleurs, le professeur ne pense pas que cette indépendance alimentaire est plus économique en considérant que le temps, c’est de l’argent.

Autonome à 50-60% et coauteure du livre Le jardin vivrier qui traite de l’autosuffisance, Marie Thévard explique que c’est exigeant et qu’un investissement en heures et en espace est nécessaire. « Quand c’est le printemps, on sème. Quand c’est l’automne, on cultive. Il faut être là, on ne choisit pas la saison! »

Selon M. Villeneuve, ça doit rester un loisir et non une question de survie. « C’est un peu comme le sport. Pour atteindre l’autosuffisance, les efforts à investir sont si grands qu’on peut les comparer à un entraînement olympique. C’est un job à plein temps et les résultats ne sont pas garantis. S’il est sain que chacun fasse du sport comme loisir, il serait contreproductif que tout le monde fasse de l’entraînement olympique. »

POURQUOI L’ADOPTER ?

Il y a des avantages à être autonome côté alimentaire, notamment sur la santé, car les aliments consommés sont plus frais. « Lorsqu’on a expérimenté la fraîcheur d’un jardin de l’autre côté de la porte, on voit que ce n’est pas la même chose que les produits d’épiceries. C’est difficile de revenir en arrière », confie Marie Thévard. Aussi, le jardinage est une bonne activité physique relaxante qui permet de profiter du soleil et d’être en contact avec la nature. Selon M. Villeneuve, il y a aussi une satisfaction personnelle, car nous subvenons à nos propres besoins.

De son côté, Mme Thévard voit aussi qu’il y a un regain de pouvoir. « Ça nous permet d’avoir la souveraineté sur notre santé et nos aliments. On reprend possession de nos moyens vitaux et on a le pouvoir de combler nos besoins essentiels. » Elle note également un bénéfice environnemental et économique, car ça réduit les frais de transport et moins d’énergie est dépensée pour voyager la nourriture, ce qui est un plus pour le climat.

ATTENTION À LA SURPRODUCTION

Le directeur de la Chaire en éco-conseil met aussi en garde contre le gaspillage alimentaire qui peut être amené avec l’autoproduction. Si nous plantons plusieurs semences, il n’est pas vrai que nous arriverons à tout consommer ce que nous allons cueillir. Il faut alors faire attention à la quantité de ce que nous plantons et bien évaluer nos besoins, car un surplus de provisions peut faire en sorte qu’ils finiront à la poubelle.

Mais, il est tout de même possible d’offrir les produits en trop à des banques alimentaires ou à des proches afin d’éviter le gaspillage.

QUELQUES CONSEILS

Le meilleur conseil que propose Marie Thévard est d’oser le premier pas. « Allez-y même si ça fait peur! Cette pratique est un monde vaste, on ne voit jamais le bout donc l’important est de faire ses propres expériences. Il ne faut pas se décourager si parfois ça ne fonctionne pas. Faites les pas jour après jour et profitez des bénéfices qui en ressortent et nourrissezvous de ça. » Aussi, elle conseille de cultiver le plus possible sur la surface disponible, de transformer des espaces de gazon et des plates-bandes en jardin pour avoir plus de production.

Pour sa part, Claude Villeneuve, suggère de débuter par cuisiner, car c’est une forme d’autonomie alimentaire. D’y aller avec des choses simples, comme germer des plantes et de diversifier ses plats, car il peut être tannant de toujours manger la même chose. Selon lui, ce n’est pas un objectif souhaitable d’être 100 % autonome. « La combinaison gagnante se trouve plus dans la recherche d’une plus grande autosuffisance alimentaire à l’échelle locale en encourageant les agriculteurs locaux, les circuits courts et les aliments non transformés qu’on cuisine soi-même. »

TOIT & MOI

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2022-01-15T08:00:00.0000000Z

2022-01-15T08:00:00.0000000Z

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