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18-35 ans: les régions ont la cote

YVON LAPRADE Collaboration spéciale

Les régions attirent les jeunes comme jamais auparavant. À vrai dire, les 18-35 ans sont deux fois plus nombreux à faire le choix de s’établir en Gaspésie, en Abitibi, dans le Bas-saint-laurent, au Saguenay, dans les Cantons de l’est, en Mauricie, dans les Laurentides, dans Charlevoix, sur la Côtenord… et j’en passe.

Trois statistiques fort révélatrices. En 2019, avant la crise sanitaire et le télétravail, 2900 urbains sont allés travailler en région. Un an plus tard, leur nombre est passé à 3600.

L’an dernier, pas moins de 6312 jeunes hommes et jeunes femmes ont fait le grand saut vers l’inconnu après avoir soupesé le pour et le contre. Si la tendance se maintient en 2022, un nombre équivalent de nouveaux arrivants viendront grossir les rangs des villes et des villages, aux quatre coins du Québec.

Ces données, toutes fraîches, m’ont été relayées plus tôt cette semaine par Luc D’astous, président de l’organisme Place aux jeunes en région. « Je peux vous assurer qu’on a le vent dans les voiles », s’est-il enthousiasmé.

On savait que le monde avait changé depuis le 13 mars 2020. On apprend maintenant que les jeunes, nos forces vives, n’hésitent plus à plier bagage pour aller tenter leur chance dans le Québec des régions.

Et qui sont ces « jeunes » qui laissent tout derrière eux, la famille, les amis, pour aller relever de nouveaux défis à 100, 150, 300 et même 500 kilomètres de leur lieu de résidence ?

« Ce sont des personnes qualifiées, qui ont un diplôme collégial ou universitaire, une formation technique ou professionnelle », mentionne-t-il.

Luc D’astous, 48 ans, est un passionné. Il est dans son élément au sein de cette organisation qui joue un rôle crucial auprès des jeunes qui optent pour la vie en région. Il ne se contente pas de faire du 9 à 5. Aussi s’assure-t-il que le travail de coordination des 100 agents répond aux besoins des 85 municipalités régionales de comté (MRC) participantes.

« Nous ne sommes pas une agence de placement, nuance-t-il. Nous mettons en place toutes les conditions gagnantes pour permettre aux jeunes de réussir leur implantation dans leur nouvel environnement. »

« Dès qu’un candidat est prêt à aller travailler en région, on lui organise un séjour exploratoire d’une durée de quelques jours, genre “petite séduction”. Son séjour est payé, c’est un clé en main », explique M. D’astous.

Et ça marche ! Parlez-en à Valérie Charron, 34 ans. La fonctionnaire fédérale a quitté son Gatineau natal, en décembre 2021, pour aller « explorer » le potentiel d’une nouvelle vie personnelle et professionnelle aux Îles-de-la-madeleine.

« C’est un grand saut dans le vide, m’a-t-elle confié de sa maison en bord de mer, à Havre-aux-maisons. C’est le goût de l’aventure qui a été l’élément déclencheur. »

C’est ainsi que la jeune femme a accepté un emploi d’agente de développement territorial, en janvier dernier, après s’être laissé séduire par les Madelinots, leur accueil chaleureux, les grands espaces.

Pour un changement de décor, il faut admettre que c’en fut tout un ! Rien à voir avec la vie urbaine de Gatineau, le Parlement d’ottawa de l’autre côté de la rivière, le canal Rideau…

« J’ai droit aux plus beaux levers et couchers de soleil, c’est certain, dit-elle. Mais j’ai eu droit, aussi, à un rude hiver, avec des tempêtes de neige pas ordinaires, des flocons de la grosseur d’une boule de Noël, sans parler des vents ! »

Mais au-delà du climat hivernal, Valérie Charron estime s’être bien adaptée à sa nouvelle vie d’insulaire. « J’évolue dans un environnement stimulant, considère-t-elle. C’est très valorisant. Je réalise au quotidien que mon travail a un impact sur l’ensemble de la communauté. En même temps, je sais que les attentes sont très élevées. »

Valérie Charron le dit sans détour : elle s’est retrouvée aux Îles-de-lamadeleine tout à fait par hasard. Mais puisque le hasard fait bien les choses, la voilà bien installée dans un coin de pays envahi par des milliers de touristes durant la saison estivale. « Quand j’ai dit à mes parents que je m’en allais vivre ici, dit-elle, mon père m’a dit : “‘Lance-toi ! ”.’ Ils étaient tous les deux excités pour moi. »

Comme bien d’autres jeunes trentenaires qui se sont « exilés » pour le travail, elle se garde bien de faire des projets à long terme, préférant y aller une étape à la fois.

« J’aime les défis, convient-elle. J’en prends de plus en plus conscience. Avant de venir aux Îles, je savais déjà que j’étais prête à m’ouvrir à de nouveaux horizons. »

Si on sait lire entre les lignes, on décode par ses propos qu’elle a pris goût à cette vie hors des sentiers battus. Qui sait où la route va la mener dans un an, deux ans, trois ans ?

Valérie Charron est loin d’être la seule à présenter ce profil. Et c’est une excellente nouvelle pour les régions dites éloignées qui voient arriver des jeunes travailleurs désireux de faire partie de la solution.

Mais tout n’est pas encore gagné. Et il y a encore quelques problèmes importants à régler pour favoriser l’installation de cette nouvelle « clientèle » prête à se relever les manches.

Parce qu’en région aussi, on manque de logements…

Pas pour rien que les maires et les mairesses multiplient les appels à l’aide, auprès de Québec, pour favoriser la construction d’habitations pour recevoir les nouveaux résidants. Faudra voir si leur message sera entendu…

CHRONIQUE

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2022-05-14T07:00:00.0000000Z

2022-05-14T07:00:00.0000000Z

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