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« LA MENACE RUSSE EST RÉELLE »

Sous domination nazie et soviétique de 1940 à 1991, la Lettonie chérit son indépendance et craint de se retrouver à nouveau sous le joug d’un oppresseur étranger. Membre de L’OTAN, ce pays en bordure de la mer Baltique voit toutefois la menace grandir, de

GABRIEL DELISLE gabriel.delisle@lenouvelliste.qc.ca

À une trentaine de kilomètres du centre-ville de Riga, la capitale de la Lettonie, la base militaire d’adaži fourmille d’activité. Des soldats de neuf nations membres de L’OTAN y sont présents et composent une force tactique dissuasive pour contrer de nouvelles volontés expansionnistes russes. Et cette force militaire de près de 1300 soldats, dont 700 Canadiens, est sous la responsabilité du Canada depuis près de cinq ans.

« Nous avons un mandat de dissuader [la Russie] et de défendre la Lettonie. On prend ça vraiment à coeur d’avoir un niveau de préparation très élevé pour être capable de déployer les troupes, si jamais le besoin est là », explique en entrevue le lieutenant-colonel Daniel Richel, commandant du Groupement tactique de L’OTAN en Lettonie et commandant du premier bataillon du Royal 22e Régiment du Canada basé à Valcartier.

« Évidemment, avec la guerre en Ukraine, ça nous permet d’adapter nos procédures et de continuer à nous entraîner. On voit que la menace russe est réelle dans la région. »

Dès qu’on franchit les portes de la base d’adaži, l’aspect multinational des lieux est frappant. Des soldats polonais, norvégiens et espagnols s’entraînent avec des militaires slovaques et lettons. Signe d’une certaine intensification de la présence militaire de L’OTAN dans les pays frontaliers avec la Russie, des contingents de soldats américains – avec leurs imposants équipements militaires – et danois se sont ajoutés ces dernières semaines.

« Nous avons neuf nations sur place. Et les coordonner tous ensemble, ça peut poser certains défis. […] Tout le monde, ou presque, travaille dans leur deuxième langue. Et chaque nation vient avec des équipements différents et ses propres systèmes de communication », avoue le lieutenant-colonel Richel.

« Le fait qu’on travaille tous dans notre deuxième langue, incluant les Canadiens, car actuellement ce sont des Québécois qui sont ici, on est tous égaux et sur la même longueur d’onde. […] Mais étant tous des soldats, on a la volonté de travailler en commun. Et ça ne prend vraiment pas beaucoup de temps pour qu’on réussisse à travailler ensemble, dans la même direction. »

Lorsque le journaliste du Nouvelliste, publication membre de la grande famille de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2I), s’est rendu sur la base d’adaži, le chauffeur de taxi letton n’avait que de bons mots pour les soldats internationaux, particulièrement envers les Canadiens.

« Merci de garder notre pays en sécurité », a-t-il dit en pensant avoir affaire à un militaire.

Ce commentaire formulé par un homme qui a connu la domination soviétique est loin d’être anodin, estime le commandant du groupement tactique. La présence multinationale de L’OTAN en Lettonie est généralement bien vue par la population locale, assure-t-il.

« On sent que la population est favorable à notre présence. Et cet appui a augmenté depuis le 24 février, jour de l’invasion russe en Ukraine, quand elle a vu aussi que c’est une menace réelle », souligne le lieutenant-colonel Richel.

« La population locale a beaucoup souffert des différentes guerres. Ils nous voient comme des alliés. Des générations encore vivantes ont vécu ces périodes difficiles. Nos soldats sont vraiment sur la “coche”. »

Le contingent canadien est principalement constitué de militaires de la base de Valcartier, membres du Royal 22e Régiment, du 12e Régiment blindé du Canada et du 5e Régiment de génie de campagne.

« Ce sont des unités de Valcartier qui sont affectées à plusieurs fonctions du groupement tactique », précise leur commandant.

Après cinq mois de mission, les troupes du Québec seront

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relevées en juin par des militaires basés à Edmonton. Même si le moment du retour au pays approche, chaque soldat avoue essayer de ne pas trop y penser pour se concentrer sur sa mission.

« Nous sommes très fiers de nos troupes durant ce déploiement. Elles démontrent ce que le Canada peut faire au sein de L’OTAN. Nous sommes une force crédible avec un bon leadership. Et nos soldats sont vraiment “sur la coche” », conclut-il.

AUTO

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2022-05-14T07:00:00.0000000Z

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