«ON EST FACE AUX RUSSES ET LES GENS N’EN SONT PAS CONSCIENTS»

L’image d’une armée canadienne dédiée aux missions de maintien de la paix et à l’aide à la population lors d’inondations ou plus récemment durant la pandémie demeure prédominante. Or, depuis l’afghanistan, les militaires canadiens sont surtout déployés dans des opérations de combat ou de dissuasion, comme c’est le cas en Lettonie.

« Contrairement à notre mission en Afghanistan, les gens au Québec ou au Canada n’ont pas conscience de l’effet qu’on a ici », constate l’adjudant Dominic Gaulin du 12e Régiment blindé du Canada (12e RBC).

« C’est un peu ce que je déplore. On est face aux Russes et les gens n’en sont pas conscients. Ce qui arrive en Ukraine fait que les gens réalisent qu’on a besoin d’être ici, mais pour beaucoup, ils ne savent même pas où est la Lettonie. »

Originaire de Trois-rivières et vétéran de la guerre d’afghanistan qui en est à son deuxième déploiement en Lettonie, l’adjudant Dominic Gaulin estime lui aussi, tout comme son commandant, que la menace russe est bien réelle.

« J’espère vraiment que notre présence est bonne pour la population locale. Les pays de L’OTAN sont là pour donner un coup de main si jamais quelque chose arrive », mentionne l’ancien élève de l’académie les Estacades à Trois-rivières.

Lors du passage du Nouvelliste à la base d’adaži, l’adjudant Gaulin était le responsable de la sécurité d’une compétition de véhicules blindés légers (VBL), un événement qui a lieu tous les dix mois à la fin du déploiement des troupes. À bord d’un VBL avec son équipe, il s’assurait du bon fonctionnement de l’exercice qui impliquait des tirs d’obus réels.

D’ailleurs, une équipe canadienne du 12e RBC prenait part à la compétition amicale entre les nations. À bord de leur VBL Coyote – le seul à roues de la compétition, les autres étant à chenilles – l’équipage canadien, qui était dirigé par le caporal-chef Mathieu Rioux-paquette et composé de la chauffeuse, la caporale Sarah Filion, et du tireur, le caporal Mathieu Laberge, a fait bonne figure.

Sur huit équipes, les Canadiens ont terminé en troisième position, tout près des Norvégiens et des Espagnols.

« Je suis très content des opportunités d’entraînement qu’on a. Le fait de travailler avec d’autres pays nous permet de voir d’autres choses et on a de belles opportunités de se développer », commentait leur supérieur, l’adjudant Gaulin.

« Pour mon personnel, je suis le second en charge dans ma troupe, ça leur permet d’avoir toujours un entraînement plus vivant et réaliste. »

Depuis qu’il a joint les forces armées en 2005, Dominic Gaulin a participé à de nombreuses missions à l’étranger. Après deux déploiements en Afghanistan, il a été envoyé deux fois en Lettonie. Mais c’est la première fois qu’il quitte la maison si longtemps depuis qu’il est papa de deux jeunes filles.

« J’ai hâte de retourner à la maison et de les voir. Ça va être un bel été », laisse-t-il tomber avec le sourire et habité d’un sentiment qui est partagé par plusieurs de ses frères d’armes québécois.