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«LA CAQ N’A PAS BESOIN DE VOTRE VOTE ; L’INDÉPENDANCE, OUI »

OLIVIER BOSSÉ obosse@lesoleil.com

Avec les départs des Hivon, Gaudreault, Richard, Roy et Lebel, Pascal Bérubé devient le député pilier du Parti québécois (PQ) en vue de la campagne électorale, sa septième dans Matane-matapédia. Il parle de l’avenir du parti, de ses liens avec son chef et avec le premier ministre.

Q Le Parti québécois est le plus petit groupe parlementaire à l’assemblée nationale. Mais il a occupé plus que sa part d’espace médiatique avec ses sorties récentes, dont celle cette semaine sur l’immigration et le chemin Roxham. Le PQ est-il condamné à être plus tranché dans ses positions pour survivre?

R

Ce n’est pas des positions nouvelles pour le Parti québécois. Les questions identitaires sont importantes. Sur la langue, on a toujours été les premiers, les plus constants, les plus cohérents. Le Parti québécois est en phase avec les valeurs qui l’ont toujours animé. C’est des convictions sincères.

C’est ce que je reproche au gouvernement dans plusieurs enjeux. La promotion du français, ce n’est pas une conviction sincère de la CAQ. Il n’y a personne au Parti québécois à convaincre de l’importance de poser des gestes forts pour la langue. À la CAQ, oui.

Tôt ou tard, la Coalition avenir Québec devra faire face à la réalité et aura des décisions difficiles à prendre. Ce qu’elle n’a pas eu beaucoup à faire jusqu’à maintenant. Il y aura un moment de vérité où on va se tourner vers une formation politique et on dira : il y a le Parti québécois, qu’on connaît, qui ne cherche pas les coups d’éclat, qui cherche à bien faire les choses. Je pense qu’on va apparaître comme cette alternative.

Q

D’ici là, le PQ doit-il encaisser les coups et souhaiter survivre?

R Il faut faire ce en quoi on croit. Pourquoi je suis toujours là, c’est que mes convictions, mes rêves de jeunesse pour le Québec sont toujours les mêmes. Il s’est additionné des raisons avec le temps. [L’indépendance] est une cause encore plus pertinente aujourd’hui.

Qui défend les pouvoirs en immigration pour le Québec ? Le Parti québécois. Qui défend la langue, la culture ? Qui défend un humanisme qui a manqué et qui représente une humilité nécessaire lorsqu’on gouverne à Québec ?

Si la CAQ était plus forte à la prochaine élection qu’elle l’est présentement, on lui reproche déjà d’être arrogante, imaginez ce que ce sera ! La CAQ n’a pas besoin de votre vote ; l’indépendance, oui.

Q Vous avez récemment commandé un sondage de satisfaction auprès des citoyens de votre circonscription. Est-ce un acte d’orgueil ou parce que votre décision de vous représenter le 3 octobre n’était pas si arrêtée?

R

Ni l’un ni l’autre. L’association de comté [de Matane-matapédia] est l’une des plus riches au Québec. On avait beaucoup d’argent, qu’on a accumulé avec le temps. Je voulais valider avant de prendre une décision de replonger dans une autre campagne. Il faut que les gens qu’on représente aient envie que ce soit nous.

[Le sondeur] Jean-marc Léger m’a dit que non seulement c’est très bon [92 % très ou plutôt satisfaits], mais c’est le record de satisfaction à l’égard d’un député local depuis qu’il fait le travail, en 35 ans. Pour moi, c’est la plus belle des récompenses.

Si le résultat avait été mauvais, je me serais posé des questions si je me représentais. S’il avait été décevant, j’aurais reconsidéré. J’ai besoin de sentir l’appui de la population de chez nous pour la représenter et mener les batailles nécessaires.

Q Plus de doute, vous serez candidat péquiste au prochain scrutin ?

R

Oui, je serai candidat. J’ai eu beaucoup de titres à l’assemblée nationale, mais député, pour moi, c’est le titre le plus prestigieux.

Q Comme seul vétéran de la députation péquiste à solliciter un nouveau mandat, sentez-vous une responsabilité pour l’avenir du parti?

R J’ai envie de continuer et je ne pourrais pas le faire ailleurs qu’à Matane-matapédia. Ça implique beaucoup de renoncement. Ça implique quatre heures de route à faire [jusqu’à Québec]. J’ai une conjointe qui habite à Montréal, ça fait 10 ans qu’on est ensemble. Ça fait partie des difficultés, mais c’est une immense passion, d’être député. Quoique, j’ai aussi beaucoup aimé être ministre. Je ne voulais pas être chef, je voulais être ministre. Dix-huit mois au Tourisme [de 2012 à 2014], ce n’était pas assez long. On était bien partis.

Q Quelle est votre place auprès de votre chef, Paul St-pierre Plamondon? Êtes-vous un genre de vice-chef?

R

Non. On est très proches pour des raisons étonnantes. Quand il s’est présenté pour la première fois [à la chefferie en 2016], je ne le connaissais pas. Je lui avais proposé de commencer sa campagne à Matane. Je l’ai hébergé. Je lui ai donné une pile de cartes de membres à renouveler. Il ne connaissait pas la ville, il a pris la carte et a fait le tour de toutes les rues avec les fiches de membres pour les faire renouveler et signer son bulletin [de candidature]. Ça a commencé à Matane.

Au début de sa campagne [en 2020], ça n’allait pas très bien. J’avais eu une discussion avec lui.

Ce que j’aimerais que les Québécois réalisent, c’est qu’il renonce à beaucoup. Il va avoir un troisième enfant, renonce à une carrière très lucrative en droit.

Il est animé d’une mission et est conscient de l’ampleur de la mission qu’il a quant à l’indépendance du Québec. Mais ça ne doit pas reposer sur lui seul. C’est une oeuvre collective. Ce n’est pas un culte de la personnalité, l’indépendance.

Q Parlez-nous de votre relation amour-haine avec François Legault, que vous connaissez depuis longtemps.

R Personne dans son caucus n’a travaillé autant que moi pour qu’il soit premier ministre. Mais dans mon cas, c’était premier ministre péquiste. Je me suis engagé beaucoup, j’ai pris beaucoup de risque, j’ai contesté l’autorité de Bernard Landry. J’ai consenti des efforts très importants pour que François Legault devienne premier ministre indépendantiste du Québec.

Il y a toujours un lien. On a un canal pour s’écrire. Encore hier, on s’écrit régulièrement. On a un contact en continu. Mais force est de constater que je ne suis pas très complaisant à son égard. Il faut croire qu’il n’est pas rancunier, il comprend que j’ai un travail à faire. Ma bonne relation avec le premier ministre et avec les ministres fait en sorte que les retombées sont importantes dans ma circonscription.

Ma relation avec le premier ministre ? Il aimerait bien avoir tous les sièges. Mais je suis bagarreur de nature. Je ne tiens rien pour acquis et je vais faire une vraie bataille dans Matane-matapédia.

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2022-05-14T07:00:00.0000000Z

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