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LE GRAND CHELEM, UN TRAVAIL D’ÉQUIPE

IAN BUSSIÈRES ibussieres@lesoleil.com — PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

On croyait avoir tout vu du phénomène Shohei Ohtani, des Angels d’anaheim, mais lundi dernier, il a fait quelque chose qu’il n’avait jamais fait : frapper un grand chelem. Pour l’ancien joueur de premier but des Orioles de Baltimore Jim Gentile, détenteur jusqu’en 1987 du record pour le nombre de grands chelems en une saison avec cinq, le fait de frapper un coup de circuit de quatre points est avant tout un travail d’équipe plutôt qu’un exploit individuel.

« Tu savais que j’étais aussi le premier à avoir frappé deux grands chelems dans deux manches consécutives ? J’avais alors établi un record avec huit points en deux manches ! » nous lance d’entrée de jeu le fier compétiteur qu’est Gentile, maintenant à la retraite à l’âge de 87 ans après avoir dirigé des équipes dans plusieurs ligues mineures.

En neuf saisons dans les ligues majeures, Gentile aura frappé six grands chelems, dont cinq durant cette saison 1961 où il a dominé les majeures avec 141 points produits, à égalité avec un certain Roger Maris, des Yankees de New York, qui allait établir cette année-là un nouveau record avec 61 coups de circuit. Le record de Gentile de cinq « salamis » en une saison aura tenu jusqu’en 1987 quand Don Mattingly l’a battu en en frappant six.

« Tu sais, tu ne te présentes pas au bâton si souvent avec les buts remplis durant une saison ! Pour frapper plusieurs grands chelems, il faut d’abord que tes coéquipiers se rendent souvent sur les buts. Moi, cette année-là, j’avais d’excellents coéquipiers en Whitey Herzog, Jackie Brandt et Brooks Robinson », explique Gentile en énumérant les trois premiers frappeurs de l’alignement des Orioles dont il était le quatrième maillon.

« C’était une belle période de baseball, j’ai eu la chance de jouer contre Ted Williams, j’étais là lors de son dernier match. Et il y avait les Yankees, qui en plus de Maris et Mickey Mantle, avaient quatre autres joueurs qui ont frappé plus de 20 circuits en 1961. Et comme il n’y avait pas de séries éliminatoires, tu devais finir absolument plus haut que les Yankees si tu voulais aller en Série mondiale. Ce n’était pas facile ! », raconte Gentile.

À l’époque, les joueurs des majeures devaient travailler durant la saison hivernale. « Je travaillais pour les Orioles, on me payait pour remettre des trophées dans les petites ligues et pour prononcer des conférences », explique-t-il, ajoutant que l’entraînement des joueurs était aussi plutôt minimaliste.

« Les joueurs d’aujourd’hui sont chanceux de faire beaucoup d’argent et de ne pas avoir à travailler pendant l’hiver. Ils ont tout le temps voulu pour s’entraîner et gagner de la masse musculaire. Nous, tout ce qu’on faisait pour se préparer avant le camp d’entraînement, c’était de la course à pied ! »

5000$ 50 ANS PLUS TARD

En 1961, Gentile avait un salaire annuel de 15 000 $ et la saison suivante, le directeur général Lee Macphail lui avait dit qu’en vertu de son contrat, il aurait reçu 5000 $ de plus s’il avait gagné le championnat des points produits. À l’époque, on croyait que Maris l’avait remporté avec 142 alors que Gentile en comptait 141.

Plusieurs années plus tard, grâce à des recherches menées par le site Web Retrosheet, il a été déterminé que Maris avait été incorrectement crédité d’un point produit le 5 juillet 1961, quand il avait plutôt atteint le premier but suite à une erreur défensive. Cette révision plaçait alors Gentile et Maris à égalité avec 141 points produits. En 2010, le nouveau directeur général des Orioles, Andy Macphail, le fils de Lee, a trouvé une façon originale de souligner l’accomplissement de Gentile presque 50 ans après.

« On m’a invité à Baltimore pour faire le premier lancer du match et tout à coup, quelqu’un est arrivé avec un grand chèque de 5000 $, le montant que j’aurais dû recevoir en 1961 si ce n’avait été du point produit qui avait été accordé par erreur à Maris ! », se souvient-il.

FAN D’OHTANI

Gentile avoue qu’il n’est pas un fanatique du baseball des années 2020. Cependant, il y a un joueur qu’il aime particulièrement, et c’est le Japonais Shohei Ohtani. « Il est fantastique ! Il lance, il frappe, il peut tout faire ! », souligne celui qui a disputé sa dernière saison professionnelle au Japon avec les Kintetsu Buffaloes d’osaka.

« J’ai adoré ça, j’ai été très bien traité là-bas. Cependant, j’étais le seul Américain dans l’équipe et le gérant Osamu Mihara voulait que le baseball japonais reste japonais... Alors il ne m’utilisait pas beaucoup ! Parfois il m’utilisait comme frappeur d’urgence en première manche simplement pour se débarrasser de moi. Puis-je l’en blâmer ? L’équipe allait assez bien merci quand je jouais peu : nous avons atteint la finale », raconte Gentile. L’année suivante, son contrat n’a pas été renouvelé. « Le gérant m’avait dit qu’il n’alignerait pas de gaijin (étranger) en 1970. Et il disait vrai : ils n’en ont pas aligné pour les deux années suivantes ! »

AVEC LES ROYAUX

Par ailleurs, Gentile avait aussi joué au baseball à Montréal en 1957 avec les Royaux, dans l’organisation des Dodgers de Brooklyn. « Une très belle expérience ! J’avais frappé 24 circuits cette année-là ! Je jouais avec Bobby Del Greco et Joe Pignatano. Montréal est une très belle ville et je me souviens d’avoir joué avec quelques Québécois, dont Tim Harkness, un très chic type, et Raymond Daviault », termine celui qui a disputé son dernier match professionnel en Amérique l’année précédant l’arrivée des Expos de Montréal dans les majeures.

ESPACE BASEBALL MAJEUR

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2022-05-14T07:00:00.0000000Z

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