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REGARD UNIQUE

Marie-andrée Gill raconte l’histoire d’une Céline Dion dont le rêve aurait été autochtone plutôt qu’américain

MARC-ANTOINE CÔTÉ macote@lequotidien.com

Le regard de Marie-andrée Gill sur le territoire est pour le moins unique, tellement qu’il donne envie d’emprunter ses yeux. L’écrivaine originaire de Mashteuiatsh prépare tranquillement l’exposition qui permettra de le faire, depuis sa résidence de création au LOBE, où elle s’affaire, entre autres idées, à raconter l’histoire d’une Céline Dion parallèle, dont le rêve aurait été autochtone plutôt qu’américain.

Marie-andrée Gill souhaite assumer son côté « quétaine ». Et tant qu’à y être, elle compte l’utiliser comme porte d’entrée pour le public, vers son propre univers.

Elle a donc apporté la biographie de Céline Dion dans sa résidence de création, question d’en découper les mots et de créer une nouvelle histoire. À l’aide du collage, la poétesse raconte une autre Céline, Grégoire celle-là, qui n’aspire pas à la gloire, mais bien à un retour vers son village, à Mashteuiatsh.

« J’essaie de parler du rêve làdedans. Dans le livre de Céline Dion, ça parle beaucoup du rêve américain, avoir de l’argent, être célèbre ; moi, le personnage que j’ai créé, c’est le contraire. Pour elle, la vie meilleure, c’est la vie dans le bois. J’aime beaucoup utiliser la culture pop pour faire des oeuvres », explique Marie-andrée Gill.

C’est là le genre de référence « universelle » qui crée des ponts avec l’imaginaire du public, auquel elle a ensuite accès pour partager ses propos. Cela permet également un art moins « hermétique », à la portée de tous, renchérit l’artiste.

L’exposition découlant de sa résidence, qui sera présentée au terme de celle-ci, du 20 mai au 10 juin à la galerie du LOBE, devrait comprendre différents collages d’histoires ainsi réécrites, tout comme des installations symbolisant le territoire aux yeux de Marie-andrée Gill. Peut-être même une « petite performance de lecture », ajoute-t-elle.

UNE TOUCHE FAMILIALE

Même ses garçons ont apposé leur touche à son oeuvre, l’écrivaine ayant profité de leur visite dans les locaux de la rue Bossé, à Chicoutimi, il y a quelques jours, pour construire avec eux des structures en blocs Lego traduisant des scènes futuristes.

« Il y a un côté ludique, un côté de l’enfance, d’accessibilité, que je trouve vraiment l’fun. Je voulais les impliquer dans ce processuslà. Justement, vu que le thème, c’est le territoire, je me suis dit que ce serait cool de mettre des bonshommes futuristes, mais dans un monde peut-être post-apocalyptique, d’essayer de créer une histoire autour de ça. »

Le processus de création n’était certes pas terminé, au moment de l’entrevue avec Le Progrès, et l’oeuvre de la Pekuakamishkueu (Ilnue du Lac-saint-jean) pouvait encore emprunter différentes avenues. Ce qui était déjà limpide, cependant, c’était l’envie « d’investir différemment » cette résidence de création, qui a pour thématique « Regards de femmes sur le territoire ».

UN HORAIRE CHARGÉ, MAIS PAS TROP

Marie-andrée Gill planchera sur plusieurs autres projets, après cette résidence. Elle a notamment été approchée pour prendre part à la réécriture de l’anthologie de la littérature québécoise, dans le but d’y inclure davantage la perspective autochtone. Une démarche importante et en adhésion avec l’objectif de décolonisation dont est empreint l’ensemble de ses oeuvres.

Puis, il y a ce long métrage de fiction portant sur la cueillette de bleuets qu’elle scénarise en compagnie de la réalisatrice Mélanie Charbonneau, à qui l’on doit le film

Fabuleuses. Ou l’enseignement du cours de littérature autochtone à l’université d’ottawa, qu’elle reprendra probablement l’an prochain et qu’elle devra conjuguer avec d’autres implications, comme son rôle de commissaire pour un numéro spécial et « extraordinaire » de la revue

Zone occupée, portant sur la résurgence autochtone.

« Mais mon plus grand projet en ce moment, c’est la descente de canoë sur la rivière George que je vais faire. On se starte à Schefferville et on descend la rivière pendant deux semaines. C’est sûr que je vais vouloir faire un projet d’écriture autour de ça, pendant ou après, parce que ce sont des endroits incroyables, la toundra et tout ça, qui m’attirent beaucoup. C’est vraiment le coeur de ce que je veux vivre en ce moment. »

Il demeure toutefois primordial pour Marie-andrée Gill de garder quelques cases libres à l’agenda « pour aller en territoire, vivre ces expériences-là et peut-être en parler dans des oeuvres. Oui, des fois, l’imaginaire, ça aide, mais vivre des choses, je trouve que ça aide à écrire de façon plus vraie », conclut avec sagesse celle qui accueille aussi des résidences d’artistes dans le presbytère de Petit-saguenay.

Une partie de l’exposition de Marie-andrée Gill sera présentée à la bibliothèque de Chicoutimi, du 24 mai au 12 juin.

LEMAG.

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2022-05-14T07:00:00.0000000Z

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