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DÉSIR DE DIRE

MÉLANIE NOËL melanie.noel@latribune.qc.ca Philou,

Après un congé forcé de la scène et beaucoup d’introspection, l’humoriste Phil Roy est de retour avec son deuxième spectacle,

qui met en lumière une part de lui plus sobre et mûre. Au-delà de la volonté de faire rire, ce second spectacle a été écrit avec le désir de dire les choses.

« Sur scène, j’ai souvent été à l’opposé de ce que je suis dans la vraie vie. Au quotidien, je suis quelqu’un d’assez posé, presque timide. Si tu parlais aux gens qui m’ont connu jeune, je suis certain qu’ils ne seraient pas nombreux à avoir prédit que je deviendrais humoriste. J’étais quelqu’un qui passait plutôt inaperçu. »

« Mais mon personnage de scène, lui, est plutôt flamboyant, poursuit-il. Il parle fort et il est énergique. Ça représente un aspect de ma personnalité que la scène me permet de dévoiler. Ce côté de moi, je l’avais tellement gardé en dedans que, lorsque j’ai commencé à faire de la scène, j’avais le goût d’y aller à fond et de l’exploiter. »

« Aujourd’hui, j’ai envie de doser un peu plus. J’ai compris que je n’ai pas besoin de sauter partout ni de crier pour être drôle », explique celui qui a vendu plus de 100 000 billets de son premier spectacle, Monsieur.

C’est aussi à cause de ce désir d’inviter le Phil Roy plus modéré sur scène que l’humoriste a choisi de travailler avec Pascale Renaudhébert pour la mise en scène.

« Pour mon premier spectacle, j’avais travaillé avec quelqu’un qui venait du monde de l’humour [Réal Béland], car je voulais que ce soit plus efficace en matière de drôlerie. Pour mon deuxième spectacle, je trouvais intéressant de travailler avec quelqu’un qui est issu du monde du théâtre et qui a donc une autre méthode de travail me permettant d’être plus efficace avec le message. »

« Par exemple, pour un numéro en entier, elle m’a dit que je ne pouvais pas bouger du tout. Le fait que je me déplace enlevait du poids à ce que je voulais dire. Elle avait raison et je pense que je ne l’aurais pas compris sans elle », estime l’humoriste.

BILLIE, CINQ MOIS

Le temps qui passe a changé le Monsieur. « L’âge vient avec une expérience de vie. Depuis quelques années, je suis dans un processus plus thérapeutique. J’ai vraiment appris à analyser les choses et les événements en les décortiquant pour en comprendre l’impact sur moi et les autres. Je me suis beaucoup interrogé sur la façon dont je peux réagir ou aborder tel ou tel sujet. J’ai inclus cet esprit analytique dans mon écriture humoristique », souligne l’humoriste de 33 ans.

« Aussi j’avais le désir de fonder une famille avec ma blonde et c’est pas mal cet événement qui m’a poussé à faire la plus grande analyse de ma vie jusqu’ici. Est-ce que je suis prêt ? Est-ce que je suis avec la bonne personne, le bon entourage, dans le bon environnement ? Est-ce que c’est compatible avec mes ambitions ? »

Il a répondu oui à toutes ces questions et est devenu le père de la petite Billie le 24 décembre, dernier.

Mais toutes ces réflexions n’ont pas poussé l’humoriste à faire un virage à 180 degrés dans sa vie. « J’allais déjà dans la bonne direction de façon générale, mais ces analyses m’ont permis de corriger le tir sur certains éléments. J’ai laissé tomber des petites choses qui allaient moins avec moi. »

ACCUEILLIR LES MERCIS

Ce changement de ton dans le nouveau spectacle, présenté en première en mars dernier, a aussi influencé les réactions du public. « J’ai beaucoup de messages qui disent que c’était vraiment drôle, mais j’ai aussi beaucoup de remerciements. Les gens me disent merci de parler d’anxiété, merci de parler des difficultés à avoir des enfants, merci de parler de réconciliation avec nos parents. Ce sont des mercis que je n’avais pas avec mon premier spectacle et je trouve ça tellement cool. »

La famille est au centre du spectacle du nouveau papa, qui réalise que la phrase qu’il avait toujours détestée, « tu vas comprendre quand tu vas être parent », est tout à fait vraie.

Et quel genre de parent souhaitet-il être ? « Comme tous les pères, je pense que je veux être un mélange de ce qu’a été mon père et du père que j’aurais aimé avoir. Cela étant dit, je n’échangerais pas mon père pour rien au monde », ajoute-t-il du même souffle.

ARTS

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2022-05-14T07:00:00.0000000Z

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