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À quand un accès aux salles de cour?

PATRICIA RAINVILLE

J’ai toujours été fascinée et intéressée par l’actualité judiciaire. J’ai déjà songé à prendre des vacances pour aller m’asseoir dans une salle de cour, histoire de suivre un procès qui m’intéressait. À la retraite, je vais peut-être faire partie de cette petite gang de gens qui passent leur journée dans les palais de justice, seulement dans le but de passer le temps.

Parce que, vous savez, la justice est publique et n’importe qui peut y avoir accès. Mais ça, c’était avant la COVID-19. Maintenant, les salles de cour ont des capacités d’auditoire restreintes. Malheureusement, il n’y a pas encore d’autres moyens de suivre ce qui s’y passe, sauf de lire et d’écouter les nouvelles.

Il y en a parmi vous qui suivez un peu le procès de l’acteur Johnny Depp, qui l’oppose à son ex-femme, Amber Heard ? Difficile de l’ignorer si vous êtes un tant soit peu sur les médias sociaux. Parce que le procès n’est pas seulement hyper médiatisé sur les chaînes de télé et dans les journaux du monde entier, il est également diffusé presque intégralement sur le Web.

C’est que, voyez-vous, aux États-unis, les caméras sont les bienvenues dans les salles de cour. Les procès se transforment en événement télévisuel. Et celui de la méga vedette américaine fait parfois penser à un soap ou à une téléréalité.

Voilà l’une des gigantesques différences avec ce qui se passe dans nos palais de justice.

Je suis avec passion ce procès aux allures théâtrales, en même temps que celui du tueur du Vieux-québec, Carl Girouard. Deux procès particulièrement intéressants, dont j’ai bien hâte d’en connaître les issues.

Mais lorsque je vois Johnny Depp témoigner en direct sur mon Instagram et que je lis ensuite les articles sur le procès de Carl Girouard avec, en guise d’image, un dessin de lui assis dans le box des accusés, je me dis qu’il serait peutêtre temps qu’on évolue un peu.

Avec tout le respect que je dois aux dessinateurs judiciaires, je ne comprends pas qu’en 2022, on utilise encore cette technique digne des années 40.

À l’ère du numérique, un dessin pour illustrer un procès, c’est assez dépassé merci. On peut suivre la guerre en Ukraine en direct sur nos cellulaires, mais impossible de prendre une photo d’un accusé incarcéré sans user de 1001 stratagèmes qui, de nos jours, ne fonctionnent plus tellement.

Car la pandémie a limité l’accès aux images dans les palais de justice. Plusieurs accusés détenus ne s’y présentent même plus en personne, témoignant par visioconférence. Finis, les défilés des détenus qui arrivent au palais de justice.

Ou s’ils sont transportés par fourgon, on les amène directement dans le garage du palais de justice, ne permettant pas la prise d’images. Comme si c’était la reine d’angleterre. J’ai couvert un procès de trois semaines pour meurtre, il y a un peu plus d’un an. Jamais il n’a été possible de prendre l’accusé en photo.

Et après ça, les lecteurs nous insultent parce qu’on ne publie pas la face de celui qui est accusé de meurtre, d’agression, de vol, affirmant qu’on protège l’accusé. Eh bien non, on ne protège personne. On n’a juste pas accès à son visage. On est chanceux si on le trouve sur Facebook...

Je ne crois pas qu’il soit nécessaire que les procès deviennent des téléromans diffusés à grande échelle sur le câble, comme celui de Johnny Depp. Mais de permettre aux médias de filmer et de photographier, disons, un petit 10 minutes dans la salle avant le début de l’audience, serait, à mon humble avis, plus juste. On se targue de dire que la justice est publique. Mais elle l’est de moins en moins.

Non seulement ça permettrait de diffuser une information plus précise, mais ça empêcherait aussi que les caméramans et les photographes se ruent sur les gens à la sortie du palais de justice et qu’ils se cachent dans les bosquets en espérant tomber sur le coupable. Je suis certaine que donner un meilleur accès encadrerait finalement mieux la prise d’images. Et ça empêcherait également qu’une victime soit identifiée par mégarde.

ENTRE ELLE ET LUI

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2022-05-14T07:00:00.0000000Z

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