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VRAIMENT EN RETARD, LE QUÉBEC?

PHILIPPE WOUTERS philippe.wouters@lescoops.ca

Dans le milieu, on aime dire que le Québec suit les tendances des Étatsunis. Styles, tendances ou catégories en vogue chez nos voisins du sud se retrouveront forcément au Québec quelques années plus tard. Y a-t-il encore cet écart si important entre notre province et le pays le plus influenceur dans la culture bière contemporaine ?

Mes quelques heures à déambuler à la Brew Expo, à voir des brasseurs américains attendre impatiemment leur échantillon de bière monohoublon tendance du moment et à découvrir de nouveaux styles à la mode m’ont permis d’arriver à un constat flagrant : non seulement le Québec n’est plus en retard, mais il est même parfois en avance. La culture bière se porte donc très bien dans notre province. Laissez-moi vous convaincre… Des tendances dans le monde brassicole, il s’en crée tous les ans, mais les brasseurs québécois sont à l’affût de la moindre nouvelle bière ou d’une nouvelle recette qui plaît. C’est souvent sur une scène brassicole en particulier qu’une tendance se déclenchera. Il suffit donc de fouiller sur le Web, dans toutes les régions, pour dénicher la nouvelle tendance du moment. Il existe plusieurs scènes brassicoles aux États-unis, mais nous n’en avons qu’une au Québec. Il n’est plus rare d’avoir des bières originales, comme la Cold IPA, et de suivre le marché, bien avant l’ensemble des scènes brassicoles américaines.

La relation qu’ont les brasseries du Québec et les fournisseurs joue un rôle très important. Nous sommes une province francophone dans un monde principalement dicté par la langue anglaise. Pour percer le marché québécois, les compagnies doivent embaucher des représentants francophones, souvent issus du même milieu. La relation privilégiée permet de créer des opportunités. J’ai goûté des houblons expérimentaux à Minneapolis que peu de brasseurs connaissent, alors que nous avons déjà plusieurs exemples québécois brassés avec ces houblons.

Le Québec est un marché relativement petit ; plus de 70 % des microbrasseries font moins de 2000 hl par année. Il n’est également pas nécessaire de faire valider son étiquette et sa nouvelle recette de bière avant commercialisation. La créativité a donc le champ libre et réaliser une nouvelle bière demande très peu d’investissement, ce qui fait que le marché de la nouveauté et de la bière tendance est très populaire, voire trop populaire.

Derrière cette culture de la bière tendance se cache également une culture du terroir qui se développe de plus en plus. Nous sommes donc devant deux courants brassicoles qui se développent parallèlement : les styles contemporains et les bières avec ajout d’ingrédients du terroir québécois. Un dynamisme fort intéressant.

Le Québec n’est donc plus derrière les États-unis, mais à ses côtés. Pas encore convaincu ? Si vous saviez le nombre de brasseurs américains, souvent de maisons réputées, qui n’ont que des éloges pour la culture bière du Québec. À chacune de mes visites aux Étatsunis, je suis agréablement surpris de l’accueil réservé aux bières de la belle province.

RÉGAL

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2022-05-14T07:00:00.0000000Z

2022-05-14T07:00:00.0000000Z

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