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LES PRÉOCCUPATIONS DU TERRAIN

THOMAS DUFOUR tdufour@lequotidien.com

À l’approche des élections, les coopératives forestières réclament davantage de soutien de la part de Québec. Le Progrès est allé visiter l’usine de traitement de bois de Petit Paris, à Saint-ludger-de-milot, pour prendre le pouls des revendications.

À midi, une sirène retentit dans l’usine : c’est le début d’un quart de travail. Plusieurs employés s’affairent, casque sur la tête, bouchons dans les oreilles, à opérer les machines qui transforment les billots en planches.

La coopérative fait tout de A à Z, de la coupe à la livraison des planches. C’est un ballet bien orchestré : les billots sont d’abord séchés dans une immense pièce alimentée en chaleur grâce à l’écorce récupérée.

Les troncs se rendent ensuite à l’usine où ils sont découpés. Ici, rien ne se perd : l’écorce est brûlée pour sécher le bois, la sciure est vendue pour faire du carton et les copeaux servent à fabriquer du papier.

Des machines automatisées trient les billots en fonction de leur largeur ; les plus grands à droite, les plus petits à gauche. Cette chorégraphie permet à l’usine de produire 525 000 mètres de bois par an.

L’entreprise, qui existe depuis 1968, est un employeur important pour la municipalité de Saint-ludger-de-milot, au Lac-saint-jean. En tout, c’est 340 personnes annuellement – 120 à l’usine et 225 pour la récolte de bois.

Les travailleurs de l’usine fonctionnent sur le modèle coopératif : ils participent à la prise de décisions et reçoivent, depuis l’an dernier, une partie des profits de l’entreprise.

À l’échelle de la province, plus de 3000 entreprises ont adopté cette manière de fonctionner. Dans le secteur sylvicole au Québec, les coopératives, qui emploient 2600 personnes, ont un chiffre d’affaires de 300 millions de dollars annuellement.

UNE RÉVISION DU RÉGIME FORESTIER RÉCLAMÉE

Lors du passage du Progrès à l’usine, mercredi, des élus locaux et des acteurs du milieu coopératif étaient sur place. À la veille des élections provinciales, la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) avait un message pour les candidats et les élus : ces derniers doivent « réviser en profondeur le régime forestier ».

L’inflation et la pénurie de maind’oeuvre ont fait mal à l’industrie, en plus des ravages causés par la tordeuse d’épinette.

« Le ministère n’est pas proche des opérations sur le terrain, déplore Annie Beaupré, directrice de la FQCF. La sylviculture est sous-financée. Il faudrait améliorer la planification et la prévisibilité. »

Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) abonde dans le même sens. Il se désole que le milieu des coopératives ne soit pas mieux connu. « Il n’y a pas juste le privé et le public qui sont importants, explique Marie-josée Paquette, directrice générale. Il y a énormément d’avantages à la coopérative, il faut mettre à profit ce modèle. »

La députée provinciale de Roberval, Nancy Guillemette, était sur place avec son homologue caquiste de Lac-saint-jean, Éric Girard, pour visiter l’usine. « Les coopératives sont des joueurs très importants pour le secteur, pour leur communauté, a-t-elle dit. On va continuer à travailler avec le milieu. »

Elle n’a pas voulu s’avancer quant à une aide supplémentaire accordée aux coopératives forestières. «On sera en campagne sous peu, on verra à ce moment-là ce qui sera proposé. »

Les élections provinciales se tiendront le 3 octobre. La campagne électorale devrait être déclenchée dans les prochaines semaines.

UN MANQUE À GAGNER DÛ À L’INFLATION

Depuis 2014, le budget gouvernemental alloué aux coopératives forestières n’augmente pas d’année en année pour prendre en compte l’inflation. La FQCF évalue ce manque à gagner à 25 M $ annuellement. Résultat : les opérations d’entretien de la forêt ralentissent.

Selon les dirigeants de l’entreprise de Saint-ludger-de-milot, les coopératives forestières pourraient être des acteurs importants de la lutte aux changements climatiques. « Dans l’optique de développement durable, l’utilisation du bois comme substitut à d’autres produits moins écologiques réduit considérablement les gaz à effet de serre. », explique Alain Paradis, directeur général de la coopérative forestière.

Avec la baisse des travaux forestiers, due à un manque de financement, « la forêt est laissée à elle-même », affirme Annie Beaupré. Selon elle, plus d’investissements permettraient d’emprisonner plus de GES durant la repousse des arbres, en plus de favoriser la création d’aires protégées hors des secteurs de coupe.

Ce n’est pas la première fois que les coopératives forestières tentent de se faire entendre. En 2020, elles avaient fait une sortie publique pour réclamer sensiblement la même chose.

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2022-08-06T07:00:00.0000000Z

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