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UN ALBUM ENREGISTRÉ, DU BONHEUR PARTAGÉ

OLIVIA LÉVY

La vie de la Saguenéenne Jeanick Fournier a complètement changé depuis sa première prestation et sa victoire à Canada’s Got Talent, qui l’a révélée au grand public. La Presse l’a rencontrée à Montréal alors qu’elle vient tout juste de terminer l’enregistrement de son album.

« Je ne sais plus quel jour on est tellement tout va très vite ! C’est fou ! » lance Jeanick Fournier, un brin de fatigue dans les yeux.

« Ça va bien, je suis sereine, je suis bien entourée et depuis le début de cette aventure, j’ouvre grand les bras et je prends tout ce qui m’arrive comme un cadeau. C’est merveilleux ! », dit celle qui a enchaîné les entrevues et les spectacles depuis trois mois.

Depuis qu’elle a obtenu le Golden Buzzer, le 5 avril dernier, à Canada’s Got Talent, en chantant I Surrender, de Céline Dion, la vie de cette préposée aux bénéficiaires a complètement changé.

Elle a remporté la grande finale de Canada’s Got Talent avec un prix de 150 000 $. Elle a également signé un contrat avec Universal Music Canada et vient de terminer son album qui sortira cet automne. « Je chante des reprises à la sauce Jeanick ! Ce sont mes coups de coeur, mais il y a aussi deux chansons originales, une en français écrite par Amélie Larocque, l’autre en anglais, qui racontent mon histoire », annonce-t-elle.

Elle réalise qu’elle est maintenant dans les ligues majeures. Elle évoque d’ailleurs son expérience en studio à Montréal, qui n’a pas été de tout repos. « Je suis une fille de scène, une performeuse qui chante fort, alors j’ai dû apprendre à doser la voix en studio. Il y a aussi mon accent anglais que j’ai dû améliorer, j’avais des petits problèmes de prononciation… Les TH… et les H… J’en mettais partout ! »

« Les gens du Saguenay, on a les H faciles, lance-t-elle en riant. Sur scène, il y a du bruit, ça pardonne, mais en studio, il faut que la prononciation soit parfaite. J’avais un coach, on a travaillé fort, on a bien rigolé aussi. »

C’est Jay Lefebvre qui réalise son album. Il a travaillé avec des artistes comme Roch Voisine, Brigitte Boisjoli, Glass Tiger. « Il est tellement patient, compréhensif. Je ne connaissais pas cet univers, le fait de chanter huit fois le même couplet et de coller les morceaux des chansons. C’est un travail de magicien que font les réalisateurs en studio ! »

Des artistes avec qui elle aimerait chanter ? « J’aime beaucoup Marie Denise Pelletier, Patrice Michaud, Bruno Pelletier, Mélissa Bédard. Je pense aussi à Mario Pelchat. On a déjà chanté dans des églises ensemble, il y a longtemps. J’adore Michael Bublé et, bien sûr, Céline Dion. J’aimerais prendre un verre avec elle pour qu’on puisse jaser toutes les deux. »

Ce qui a changé dans sa vie, c’est qu’elle ne passe plus incognito. Les gens viennent lui parler partout où elle est, que ce soit à l’épicerie, dans un café, un stationnement ou à l’hôtel, à Montréal, à Québec, à Chicoutimi, à Kingston...

« Je suis portée par le public, portée par l’amour et la gentillesse de tout le monde. C’est extrêmement touchant de voir que partout où je vais, je reçois des témoignages des gens et je suis émue, ça fait partie du cadeau que je reçois tous les jours. »

« On fait ce métier-là parce qu’on aime cette reconnaissance, mais ce bel amour-là, c’est incroyable. »

Elle vit l’impact de sa victoire à Canada’s Got Talent au quotidien. « C’est simple, on dirait que tout le monde est allé à l’école avec moi ! Ma meilleure amie qui se fait demander sur les réseaux sociaux si on peut être son amie parce qu’elle est l’amie de Jeanick Fournier, une autre qui me connaît parce que j’ai chanté aux funérailles de sa mère ; tous les liens se créent, partout ! »

« C’est ça qui a changé, et je suis làdedans et ça me va très bien ! J’adore ça ! », s’exclame-t-elle.

« Quand une dame de 90 ans me dit qu’elle a appelé sa petitefille pour qu’elle puisse voter pour moi, sur Internet, le soir de la finale de Canada’s Got Talent, et que je l’ai fait pleurer, je reçois tout ça avec tellement de respect », confie Jeanick, émue.

Elle se rend compte qu’elle fait du bien aux gens. « J’ai un public de tous les âges, des jeunes, des plus âgés. Ils viennent me voir, ils se reconnaissent par mon travail en soins palliatifs ou parce que j’ai des enfants différents. »

« J’apporte du bonheur aux gens et c’est ce que j’aime avant tout », affirme-t-elle.

Elle ne travaille plus comme préposée aux bénéficiaires à la Maison de soins palliatifs du Saguenay, à Chicoutimi. « Je m’ennuie d’être auprès de mes patients. J’ai chanté dernièrement pour la Maison Adhémar-dion et j’ai dit à la directrice : ‘‘ J’ai toujours avec moi, dans un sac, mon costume de préposée, alors un jour, je vais aller cogner à votre porte et aller chanter des chansons au chevet des patients, car ça me manque.’ ’ Ça me nourrit autant que d’être sur scène. J’ai fait ça pendant 17 ans. »

« Je suis portée par le public, portée par l’amour et la gentillesse de tout le monde. C’est extrêmement touchant de voir que partout où je vais, je reçois des témoignages des gens et je suis émue. »

— Jeanick Fournier

Depuis quelques mois, elle effectue beaucoup d’allers-retours entre le Saguenay et Montréal. « Il faudrait que je trouve un commanditaire pour l’avion, car c’est une heure et 15 minutes en avion, cinq heures en voiture ! », blague-t-elle.

Elle a quitté son petit appartement et emménagé dans une jolie maison à Chicoutimi, qu’elle loue. « C’est important de rester à Chicoutimi. La famille est là, mes amis aussi. La maison est grande et mes enfants ont désormais chacun leur chambre. »

Elle aime parler de ses enfants parce qu’à ses yeux, il ne faut pas craindre la différence.

« Je vous préviens, on va voir mon fils sur scène avec moi. Je ne fais pas ça pour aller chercher la sympathie des gens, mais parce qu’il faut montrer la différence et être tolérant. »

« Il est trisomique, mais son regard, c’est le plus authentique que tu verras dans ta vie. »

Cette aventure, Jeanick Fournier la vit pleinement avec ses deux enfants. « On vit ensemble des moments extraordinaires et on se crée des souvenirs merveilleux. J’espère que ça va durer. »

L’automne s’annonce chargé. Il y a la sortie de l’album – probablement en octobre –, des spectacles en novembre au Capitole de Québec, au Mtelus de Montréal et au Danforth Music Hall de Toronto, et un passage à l’hôtel Luxor de Las Vegas, en décembre, où elle chantera dans le cadre d’un spectacle d’america’s Got Talent.

Ce qu’elle souhaite le plus ? « La santé. Je suis un peu fatiguée, mais c’est que du bonheur ! C’est un vrai conte de fées et un nouveau départ à 50 ans, vraiment. »

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