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DANS L’ARÈNE POLITIQUE

LÉA HARVEY lharvey@lesoleil.com

C’est le moins qu’on puisse dire, la sortie d’arlette était attendue par plusieurs. Qu’on soit pour ou contre le retour de Maripier Morin dans l’espace public, le nouveau film de Mariloup Wolfe, qui met en vedette l’actrice controversée, a de quoi faire réfléchir les cinéphiles.

À l’écran, Arlette nous plonge au coeur de la politique québécoise et de son fonctionnement.

Catapultée dans ce milieu afin de rajeunir l’image du parti du premier ministre (Gilbert Sicotte), la chroniqueuse mode et directrice de magazine Arlette Saint-amour (Morin) devra apprendre les codes de ce monde qui souhaite la « mettre au pas ». La jeune femme spontanée, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, acquerra son expérience à la dure, à la suite de plusieurs erreurs.

Dans les coulisses de l’assemblée nationale, Mariloup Wolfe présente ainsi un miroir satirique du monde politique québécois. De la hiérarchie des ministères au jeu de pouvoir entre les individus qui siègent au Salon bleu.

Bien que cette vue d’ensemble n’apporte pas un regard nouveau sur les rôles que jouent ceux qui gouvernent la province, l’approche théâtrale du film donne toutefois une facture intéressante à l’oeuvre.

Accompagnée par la scénariste Marie Vien, la réalisatrice d’arlette a soufflé un esthétisme marqué sur son nouveau projet. Si la musique baroque campe l’atmosphère du long métrage, l’aspect visuel est magnifiquement léché : les costumes rappellent subtilement la cour de Louis XIV et les plans de caméra mettent de l’avant les décors et la riche architecture du Vieux-québec.

De façon générale, certains dialogues sonnent toutefois faux. Écrit avec des réparties savoureuses et un grand vocabulaire, le texte prend parfois des airs très littéraires et ne semble ainsi pas naturel lorsque prononcé tout haut par les acteurs.

LE POUVOIR DE L’IMAGE

Dans la salle de cinéma, certaines lignes prononcées par Maripier Morin résonnent cependant d’une façon particulière.

Le saut d’arlette en politique donne lieu à plusieurs scènes où il est difficile de faire abstraction de la vie réelle de l’actrice. Notamment lors de l’arrivée de la nouvelle ministre à son cabinet, lors des périodes de question devant les journalistes ou encore lors de l’accueil mitigé que lui offre le milieu artistique.

Alors que le film de Mariloup Wolfe porte sur le pouvoir de l’image, force est d’admettre que la présence de Maripier Morin, visée par des allégations d’attouchements sexuels, d’agressions physiques et de propos racistes, apporte un second niveau de lecture à l’histoire.

D’un point de vue artistique, le choix de la réalisatrice est donc compréhensible. En termes d’interprétation, plusieurs autres actrices québécoises auraient toutefois pu aussi bien – sinon mieux incarner son personnage.

Si l’arrivée d’arlette dans les cinémas québécois soulève, certes, plusieurs enjeux sociaux, car il signe le retour de Maripier Morin dans l’espace public, le film en lui-même offre cependant des réflexions intéressantes.

Une proposition cinématographique que le public sera donc tout en droit d’accepter ou de refuser…

Arlette est présenté en salle.

MONDE

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2022-08-06T07:00:00.0000000Z

2022-08-06T07:00:00.0000000Z

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