UN PLAT SYNONYME DE « MOMENTS PLAISANTS »

Depuis près de 65 ans, un phénomène socioculturel perdure au Québec : la poutine est presque unanimement aimée. Même si un seul service de ce plat peut comporter facilement plus de 1000 calories, le grand public en redemande sans cesse et cherche constamment à découvrir de nouvelles façons de le préparer.

Entre amis, avec de la famille ou en voyage aux fins fonds du Québec, plusieurs moments partagés autour d’une poutine restent des événements qui peuvent marquer l’imaginaire. Et la plupart du temps, ces instants sont agréables et réconfortants.

C’est en effet ce que croit Sylvain Charlebois, professeur titulaire et directeur principal au Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire, à l’université de Dalhousie. À ses yeux, il n’y a pas de doute que les Québécois ont depuis longtemps su agencer un sentiment de joie et de bien-être à ce plat.

« Pour moi, la mémoire est clairement un facteur qui fait qu’on apprécie la poutine. On se souvient tous, ou à peu près, de nos premières expériences avec la poutine. C’est souvent des moments heureux, des moments plaisants, qu’on partage avec la famille ou avec des amis. On peut donc dire que c’est un plat qui réunit, et c’est un phénomène assez unique », indique-t-il.

Même si l’homme originaire de Farnham admet que l’accès à la poutine est déjà largement démocratisé, rien ne l’étonne dans la popularité d’événements comme le Grand Poutinefest. Il semble même s’en réjouir, car à ses yeux, il est important de « célébrer » et d’être « fier » de cette icône à laquelle le Québec – voire le Canada – est de plus en plus associé.

TRADITIONNELLE OU ALTERNATIVE

Pour certains amateurs de poutine, un ingrédient va primer sur les autres et il devient pour eux très important de respecter la présence « traditionnelle » de ce dernier. Dans le cas de Maude Couillard, qui aimait tant la poutine qu’elle est devenue la directrice générale du Grand Poutinefest, le fromage est un élément auquel il faut faire particulièrement attention.

« Avoir un fromage frais du jour, qui vient de la fromagerie Boivin, et qui baigne encore dans son petit liquide laiteux, c’est essentiel », indique l’organisatrice sans hésitation lorsque questionnée à savoir ce qu’elle aime le plus dans la poutine.

Mais pour plusieurs personnes questionnées par La Voix de l’est sur leur intérêt envers la poutine, ce qui se démarque est avant tout le désir de découvrir, la simple curiosité gourmande ou comment le plat peut être adapté.

« C’est sûr qu’on aime la poutine, mais on veut surtout faire des découvertes. On est très curieux de voir les choix de poutine », indique la Granbyenne Tina Gagné qui, au bras de son conjoint Richard, s’est déplacée au Poutinefest de sa région pour la première fois.

Une aventure similaire à celle que recherchent Gaston Lavoie et sa conjointe, eux aussi des résidents locaux qui démontrent un intérêt pour la poutine. « On veut surtout découvrir, on est curieux. Manger une poutine, c’est aussi une belle occasion pour partager un moment ensemble », révèle-t-il, grand sourire, en regardant sa femme.

La poutine est, sans conteste, un plat qui fait déplacer les amateurs, et dont plusieurs recherchent le goût traditionnel. Pour d’autres, c’est le désir d’exploration qui prend le dessus.

Toutefois, dans les deux cas, les intéressés se réfèrent souvent aux termes de « partage » et « d’accompagnement ». L’intérêt principal des amateurs de poutine semble ainsi souvent s’orienter non seulement vers le plat en question, mais aussi vers ceux avec qui ils le partagent.

Ainsi, que ce soit par l’apport de la mémoire, de la curiosité gastronomique, ou d’un désir de « partager un moment », il est difficile de nier l’engouement populaire que connaît la poutine. Et comme remarqué par Sylvain Charlebois, la popularité du plat ne cesse de grandir depuis sa création, et les limites permises dans la façon de repenser la poutine ne cessent, quant à elles, d’être dépassées.