LA MÈRE DE TOUTES LES TRANSACTIONS DE DERNIÈRE MINUTE

Depuis quelques jours, plusieurs débattent du rang où devrait se retrouver l’échange qui a fait passer Juan Soto et Josh Bell des Nationals de Washington aux Padres de San Diego dans la liste des meilleures transactions réalisées dans les jours précédant la date limite pour transiger dans les ligues majeures. Il a beau y avoir eu plusieurs échanges épiques dans l’histoire du baseball, celui-ci est selon moi l’un des plus importants, et pour les deux équipes concernées.

On peut mentionner l’échange de Casey Kotchman et Stephen Marek des Angels d’anaheim aux Braves d’atlanta contre Mark Teixeira en 2008, mais c’est davantage parce que le choix conditionnel obtenu par les Angels quand Teixiera a mis les voiles à la fin de la saison leur a permis de sélectionner... Mike Trout. L’échange de Randy Johnson – non, pas l’échange auquel vous pensez – aux Astros de Houston avait aussi permis aux Mariners de Seattle de mettre la main sur de gros morceaux en Freddy Garcia, Carlos Guillen et John Halama.

COMME LES DODGERS

C’est cependant peut-être la transaction qui a permis aux Dodgers de Los Angeles d’acquérir l’arrêtcourt Trea Turner, au sommet de son art, et le vétéran partant Max Scherzer, l’an passé, qui se rapproche le plus de celle de leurs rivaux des Padres cette année. Et dans les deux cas, ce sont les Nationals qui étaient les « vendeurs », un terme que je n’aime pas beaucoup, car ils ont aussi « acheté » plusieurs jeunes espoirs.

L’an dernier, les Dodgers avaient donné leurs deux meilleurs espoirs, le receveur Keibert Ruiz et le lanceur Josiah Gray, pour quelques mois de Scherzer et un an et demi de Turner. Les deux sont déjà des joueurs réguliers à Washington même s’ils n’ont pas encore atteint leur plein potentiel – ils n’ont que 24 ans. Les deux autres joueurs obtenus par les Nationals, le voltigeur Donovan Casey et le partant mexicain Gerardo Carrillo, s’adaptent au baseball AA en attendant la prochaine étape.

QUATRE SUR CINQ

Grands rivaux des Dodgers dans l’ouest de la Ligue nationale, les Padres ont augmenté la mise cette année en offrant aux Nats quatre de leurs cinq meilleurs espoirs. En fait, le receveur Luis Campusano, qui frappe pour ,297 avec 12 doubles et huit circuits en 246 présences au bâton au niveau AAA, est le seul du top-5 des Padres à demeurer dans l’organisation californienne.

Et attention, c’est gros ! Les Padres se sont départis de leurs choix de première ronde de 2017, 2019 et 2020 – incidemment, tous des joueurs choisis parmi les dix premiers de l’encan – et de leur choix de deuxième ronde de 2021.

L’arrêt-court C.J. Abrams est déjà dans les ligues majeures après avoir frappé des tonnes de coups sûrs à tous les niveaux des mineures, tout comme le gaucher Mackenzie Gore, qui s’est greffé à la rotation des Padres à sa première saison dans les grandes ligues.

Pendant ce temps, Robert Hassell III, un voltigeur de 20 ans, casse tout au niveau A fort et James Wood, un autre voltigeur, mais de 19 ans seulement, frappe pour une moyenne au bâton de ,337 avec des moyennes de présence sur les buts et de puissance de ,453 et ,601 au niveau A. Ah oui, en plus de ces joyaux de l’organisation des Padres, les Nats obtiennent aussi le vétéran joueur de premier but Luke Voit et le lanceur dominicain de 18 ans Jarlin Susanna...

L’UN DES MEILLEURS

Du côté des Padres, leurs acquisitions nécessitent beaucoup moins de présentations : Juan Soto est déjà l’un des meilleurs joueurs des majeures. Il est toujours sur les buts, est en route pour une autre saison de 30 circuits et n’a que 23 ans. Bell ? Il n’a pas encore 30 ans et il a déjà 127 circuits et 454 points produits dans les majeures. On se souvient tous de sa saison de 37 doubles et 37 longues balles avec les Pirates de Pittsburgh en 2019, juste avant la pandémie.

Si Bell risque de partir la saison prochaine quand son contrat sera terminé, ce n’est pas le cas de Soto, qui sera sous le contrôle des Padres pour deux autres saisons encore après la présente. Et parions que l’équipe, après avoir payé le fort prix pour ses services, le fera encore en lui faisant signer un mégacontrat afin de s’assurer ses services jusqu’à la fin de sa carrière ou presque.

Bref, même si les Padres ont puisé beaucoup dans leur avenir pour se payer Soto, on ne parle pas ici d’une « location » à la Mark Langston – oui, cette fois, je parle bien de l’échange auquel vous pensez. Même si le prix était élevé, San Diego fait quand même un bon coup en allant chercher une jeune étoile. Et si un seul des joueurs acquis par les Nationals devient une vedette dans quelques années, l’équipe de la capitale américaine n’aura pas l’air folle elle non plus !