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LA ROUTE DES SUCCÈS

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Ça pas d’bon sens. Mon père. L’bum. Maman. Le chantier. Ces titres provenant du catalogue d’irvin Blais le suivent partout où il chante. Ce sont ses incontournables, ses Satisfaction à lui. Ne pas les jouer sur scène serait trahir les émotions qu’ils brassent chez ses fans, lesquels ne se font pas prier pour les entonner en sa compagnie.

Il en est ainsi depuis le début de l’été, alors que l’artiste country sillonne les routes du Québec. Il le fait aux côtés de cinq musiciens, dont un petit nouveau, Marcétienne Savage. « J’ai voulu ajouter du piano parce que c’est un bel instrument et que ça me donne un son différent. Dans un bon rock’n roll, ça met du swing », a énoncé Irvin Blais, lors d’une entrevue téléphonique accordée au Progrès.

L’autre changement, il se manifeste devant la scène. Toujours aussi nombreux, le public profite de l’embellie covidienne pour s’émouvoir avec le chanteur, s’amuser et s’insurger à l’occasion. « Les gens se laissent aller et ça leur fait du bien. Un spectacle d’irvin, c’est mieux qu’une pilule, dit-il. En plus, ils sont sur la coche, par rapport à la pandémie. Respectueux. Pas collés, collés. »

Sur certaines de ses compositions, on perçoit le lourd tribut prélevé par la crise sanitaire. C’est pour ça que Maman se faufile invariablement dans le programme, alors que ce n’est pas le genre d’air qu’on entend dans les festivals. « Je ne peux pas la tasser parce que dans les deux dernières années, plusieurs mères sont décédées sans que leurs proches soient à leur chevet. Ce n’était pas évident », souligne Irvin Blais.

Sur un registre différent, Ça pas d’bon sens sert d’exutoire à ceux qui déplorent le triste sort des aînés, le chômage dans les régions, les fonds de pension fragilisés, le coût de l’essence qui grimpe pour des raisons souvent obscures. Sur ce dernier point, le chanteur note avec humour que l’actualité lui a donné raison, sur fond d’inflation galopante : « Je dis au monde que je suis désolé d’avoir décrit l’avenir. »

Ce qui éveille son sentiment d’injustice, cet été, c’est le sort des producteurs de lait et des camionneurs indépendants, pris en tenaille par les forces du marché. « Les camionneurs sont à bout de souffle en raison du prix du carburant, tandis que les cultivateurs doivent jeter du lait parce qu’il y a un conflit quelque part, mentionne Irvin Blais. Il faudrait organiser un festival pour eux. Ils se font étouffer. »

Quand il y a trop de pression dans le presto, il faut écouter des choses plus légères, comme la chanson Menteries d’pêcheurs. C’est l’une des pièces de son dernier album, intitulé Léda, qui s’est insinuée dans le nouveau spectacle. « Le monde embarque làdessus. Les gens lèvent les bras », constate son auteur.

Son hommage aux maîtres du country, Du Merle, du Hank, du Jones, figure également dans le programme.

DE PRÉCIEUX RENDEZ-VOUS

Devenu l’un des plus gros vendeurs de disques de la province, l’homme pourrait se contenter de jouer dans les villes populeuses, surtout l’été, alors que la demande est si forte. Ce ne serait pas dans sa nature, cependant, ce qui explique qu’on l’accueillera à L’isle-aux-coudres les 3 et 4 septembre, après ses passages à Gatineau (4 août), Saguenay (14 août) et Rimouski (27 août).

« Le Québec, c’est grand. On a encore des places à découvrir, comme ça nous est arrivé récemment à Amos, où les gens avaient réclamé notre présence. Il y avait pas loin de 8000 personnes au spectacle. On était attendus pas à peu près et, comme il n’y avait pas de masques, c’était plus festif », fait observer Irvin Blais.

Ce qui a changé, pour lui et son épouse Michèle C. Pinette, c’est la façon de planifier les tournées. L’expérience aidant, on ne s’impose plus 14 heures de route entre deux destinations. Par contre, le caractère presque sacré de ces rendez-vous, le fait que pour y assister, bien des personnes ont dû faire des sacrifices, demeurera éternellement chevillé dans l’esprit du chanteur.

« Les gens sont là pour sortir de leur quotidien. Certains font huit heures de route pour nous voir, alors que d’autres doivent mettre un petit budget de côté, s’émerveille Irvin Blais. Ce sont eux qui m’ont amené là où je suis rendu et chaque fois, je suis content de les rencontrer. Je retourne les voir après le spectacle et je leur dis merci. »

LE MAG

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2022-08-06T07:00:00.0000000Z

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