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LA LUMIÈRE INTACTE D’ANDRÉ FOURNELLE

MARC-ANTOINE CÔTÉ macote@lequotidien.com

Avec l’exposition collective Battements, présentée jusqu’au 21 août, le Centre national d’exposition (CNE) bat au rythme de créateurs d’ici. Entourées du travail d’une dizaine d’artistes émergents, les oeuvres d’andré Fournelle y brillent d’un éclat inchangé, comme ces néons qu’il se plaît encore à utiliser.

« Osez », dit l’un de ces écriteaux faits de tube néon. Le sculpteur aurait aussi bien pu y écrire « Déranger », tellement le fait de dévier des normes peut en agacer certains, note-t-il. C’est pourtant ce qu’il a fait tout au long de sa carrière, sur près de six décennies.

Autodidacte, il a souvent fait les choses à l’envers. André Fournelle a par exemple appris à travailler avec les nouvelles technologies dans les années 70, bien avant d’apprendre à travailler avec le feu. « J’ai fait le contraire de tout le monde », rigole-t-il.

Une bonne chose, puisque c’est à travers ses nombreuses recherches sur les lasers à l’université d’ottawa, où il enseignait à l’époque, que l’envie lui est venue de trouver une lumière plus malléable, plus durable dans le temps. Avec laquelle il pourrait donner libre cours à ses inspirations.

« C’est à partir de ce questionnement-là que j’ai découvert l’utilisation du néon. […] Et à partir du néon, j’ai fait plein d’oeuvres. »

C’est par le même genre de hasard que l’un des grands noms de l’art contemporain québécois a découvert sa passion pour les métaux, au beau milieu d’une fonderie industrielle, dans la vingtaine. « J’ai travaillé dans une grosse fonderie. […] Après, ça m’a tellement excité que j’ai parti ma propre fonderie », se souvient-il.

La sienne se voulait artistique, expérimentale, collective. Il y a accompli de beaux projets, avant d’aller étudier le sujet en Angleterre, en France et en Italie, où il a aussi donné des cours.

Son travail est toujours bien imprégné de ce penchant, comme en font foi ces deux éclairs d’acier exposés au CNE, notamment.

André Fournelle a profité de la carte blanche qui lui a été accordée dans le cadre de Battements pour mettre de l’avant des matériaux qui ont forgé sa carrière, comme le néon et le charbon. Mais aussi des oeuvres « parlantes », qui peuvent être comprises d’un simple regard. Des oeuvres comme Le soleil des migrants, où le barbelé évoque naturellement le sort de plusieurs réfugiés dans le monde.

Ce même barbelé revient juste à côté, au-devant d’une gravure rouge où l’on peut lire « Cicatrice ». Intitulée Révoltez-vous, l’oeuvre se veut une critique de la guerre, une invitation à se soulever contre celle-ci, note l’artiste.

L’exposition collective, réalisée en collaboration avec le groupe Artbeats, met également en lumière le travail d’artistes émergents tels qu’aleksandra Szewczuk, le duo Baku, Karine Demers, MAJ Fortier, Malgosia Bajkowska, Mathieu Laca, Miville et Sébastien Gaudette, dont les propositions sont toutes aussi fascinantes.

Un dialogue intéressant s’insinue d’ailleurs entre les oeuvres choisies avec l’aide du commissaire Antoine Veilleux, qui comprennent peintures, gravures, assemblages, pliages et sculptures.

« Je trouve ça bien. Moi, je me tiens toujours avec des jeunes. Il y a juste Armand Vaillancourt avec qui je me tiens qui est plus vieux que moi. Autrement, je suis toujours avec des jeunes. Je trouve que c’est stimulant ! », conclut celui qui a remporté le prix Paul-émileborduas en 2021.

ARTS

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2022-08-06T07:00:00.0000000Z

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