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Nourrir l’espoir par l’énergie collective

Claude Gilbert et Anne-marie Chapleau, bénévoles de Développement et Paix et délégués du diocèse de Chicoutimi à l’assemblée d’orientation

«Les pluies torrentielles, jadis exceptionnelles, surviennent maintenant tous les deux ans. Pour les petits paysans de mon pays, c’est une catastrophe : leurs plantations vivaces, leur seule “assurance” pour l’avenir, sont carrément détruites par les inondations. Ma propre famille a tout perdu il y a quelques années. » Isaac Asume Osuoka, directeur du Centre intégré de développement social Social Action du Nigéria, venait ainsi de répondre bien concrètement à nos questions sur l’impact des bouleversements climatiques sur les gens de son pays. Pour lui, cela n’a rien d’abstrait ou de lointain. Les producteurs agricoles du Saguenay–lac-saintjean qui n’ont pas réussi à semer leurs champs à cause des pluies abondantes de cette année comprendront son désarroi !

UNE ASSEMBLÉE DIVERSIFIÉE ET ENGAGÉE

Nous avons eu la chance de partager un petit déjeuner avec M. Osuoka, le 17 juin. La veille au soir s’amorçait à Halifax, en Nouvelle-écosse, l’assemblée d’orientation quinquennale de Développement et Paix, l’organisme officiel de l’église catholique canadienne pour la solidarité internationale, créé en 1967. Cette assemblée rassemblait autour du thème « Nourrir l’espoir » des membres bénévoles délégués de la plupart des diocèses du Canada, comme nous deux, mais aussi des partenaires du Sud, des représentants d’organismes alliés, des membres du personnel et du Conseil national, dont deux évêques. En tout, nous étions plus de 150 personnes, riches d’une grande diversité d’expériences et de réalités.

Durant quatre jours, nous avons réfléchi, discuté, mais surtout entendu des témoignages et les interpellations de quelquesuns de nos partenaires du Sud, comme le Dr Osuoka.

Le lendemain, lors d’une conférence, notre partenaire a expliqué à l’assemblée les causes politiques et structurelles de la situation précaire de plusieurs pays d’afrique, dont le sien. Sa démonstration a été convaincante : il faut s’attaquer à la fois aux pro- blèmes climatiques et aux injustices, qui ont les mêmes causes. L’avenir du Nigéria en dépend, mais aussi notre avenir à nous tous et toutes, comme nous l’ont rappelé les membres jeunesse de Développement et Paix, des militants très conscientisés et informés.

TROIS ORIENTATIONS POUR L’AVENIR

Vu l’urgence et la gravité de la menace climatique, il n’est pas surprenant que l’assemblée ait adopté une orientation visant cet enjeu, intitulée « Des communautés intégrales pour l’écologie intégrale ». Cette formulation met l’accent tout autant sur les personnes et les communautés que sur une écologie qui embrasse toutes les dimensions de l’existence. Le cardinal Michael F. Czerny SJ, venu de Rome pour l’occasion, a insisté sur ce point : il s’agit d’adopter sur toute situation « le point de vue des exclus ». C’est ce que lui-même fait en tant que nouveau préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, un titre qui équivaut, dans le langage du Vatican, à « ministre du soin des personnes et de la création ».

Deux autres orientations ont été approuvées par l’assemblée. La première concerne le renouvellement de notre mouvement, qui a vécu des remises en question ces dernières années. La seconde propose de vivre pleinement la synodalité, c’est-à-dire de choisir de « marcher ensemble » pour construire un monde plus juste et inclusif. Nous avons aussi réaffirmé avec force nos valeurs fondamentales : accorder la priorité aux personnes et aux communautés les plus vulnérables et établir avec nos partenaires du Sud des relations fondées sur le respect, l’écoute ainsi que la reconnaissance pleine et entière de leur expertise et de leur autonomie. Après tout, ce sont elles et eux, les experts de leur propre réalité !

Il y aurait encore bien des choses à dire au sujet de l’assemblée d’orientation, par exemple qu’elle a été l’occasion pour chacune et chacun d’apprendre, d’être inspiré, de se laisser interpeller et de sortir de sa zone de confort. Mais avant tout, la mise en commun de nos idées, de notre énergie et de notre volonté de changement a permis de « nourrir l’espoir » !

ARTS

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2022-08-06T07:00:00.0000000Z

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