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VERS UNE ROUTE DES CHAMPIGNONS

ISABELLE PION isabelle.pion@latribune.qc.ca

Un Festi Champi à Saintemarie-de-blandford, un Mois du champignon dans le Bas-saint-laurent… et pourquoi pas, un jour, une route des champignons ? Mine de rien, le mycotourisme est en plein essor au Québec, nous apprend Sur le chemin des champignons, un livre de Pascale G. Malenfant.

Les entreprises mycotouristiques poussent comme des champignons, relève-t-elle en indiquant que l’offre de produits mycotouristiques a triplé au Québec, entre 2012 et 2015.

Son nouveau bouquin n’en est pas un sur l’identification de ces mycètes, mais il s’intéresse au mycotourisme au Québec en nous faisant découvrir une kyrielle d’entreprises oeuvrant dans le domaine. On parle de beaucoup plus que des activités guidées en forêt, souligne Mme Malenfant.

« On parle d’activités gourmandes, de visites à la champignonnière, à la ferme, au musée… »

Les événements liés à ce loisir, comme le Festival des champignons forestiers du Kamouraska, se multiplient dans la province.

« La Mauricie souhaite qu’un réseau provincial de lieux mycotouristiques puisse voir le jour afin que des adeptes de la mycologie d’ici et d’ailleurs puissent découvrir les artisans et les bâtisseurs de cette industrie », lance au fil des pages Patrick Lupien, coordonnateur de la Filière mycologique de la Mauricie.

Cette région est, avec le Bassaint-laurent, pionnière dans le domaine. Là-bas, on a fait du mycodéveloppement une priorité.

UNE NOUVELLE VOIE TOURISTIQUE

Si le mycotourisme n’occupe encore qu’une toute petite place, celui-ci est appelé à se développer.

Un tournant a été marqué, en 2019, avec la tenue du premier Sommet du mycotourisme. Un autre sommet est prévu en 2023, indique Mme Malenfant, qui a fait l’entrevue à titre d’autrice, mais qui est aussi conseillère en développement mycologique et innovation à la MRC de Kamouraska.

« Je pense que c’est amené à se développer de plus en plus. Est-ce que ça deviendra un champ d’activités majeur dans le paysage touristique québécois ? À suivre. Mais, chose certaine, on est en quelque sorte des leaders en Amérique du Nord. Il n’y a pas beaucoup de régions où on trouve autant d’activités autour de la mycologie et ce qui est intéressant, c’est que ça vient rejoindre des valeurs et des intérêts de beaucoup de gens. Des gens qui ont envie d’être près de la nature, de redécouvrir la forêt et notre terroir forestier, de pouvoir voyager chez nous. »

« Ç’a un potentiel de tourisme international, estime Pascale Malenfant. Les Européens capotent sur les champignons. On possède un territoire hyper productif, il y a un potentiel pour notre province. »

Au Québec, on retrouve quelque 3230 espèces jusqu’ici répertoriées.

L’autrice soulève d’ailleurs les retombées importantes de ce secteur d’activités dans la région de Castille-et-leon, en Espagne. Il s’agit d’un modèle à lorgner, avec qui les liens sont déjà forts, avance-t-elle.

Les adeptes, eux, semblent de plus en plus nombreux, si on se fie à l’augmentation des membres de cercles de mycologie au Québec.

Pourtant, l’autrice n’hésite pas à parler de la mycophobie des Québécois. Pourquoi ?

« Ça ne fait pas partie de nos traditions. Je pense qu’il y a plusieurs facteurs. Le fait que ça ne fasse pas réellement partie de nos traditions culinaires […] Ça ne fait pas tellement partie de notre tradition de cueillette non plus. Tout le monde cueille les petits fruits, tout le monde va aux bleuets à un moment donné. Mais aller aux champignons, ça ne fait pas partie de notre culture. À une certaine époque, il y avait même des associations entre le diable et le champignon… »

Or, ce sont moins de 10 % des champignons qui sont dangereux. L’idée est d’y aller avec prudence, auprès de gens qui ont l’expertise. Ce sont ces artisans, d’ailleurs, qu’elle souhaite mettre en valeur.

Le livre de Pascale Malenfant m’a fait découvrir des entreprises sur le territoire estrien que je ne connaissais pas. Vous en découvrirez assurément dans votre coin de pays.

RÉGAL

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2022-08-06T07:00:00.0000000Z

2022-08-06T07:00:00.0000000Z

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