MIREILLE JEAN PROPOSE DE PENSER LA VILLE AUTREMENT

Seule conseillère municipale à Saguenay, Mireille Jean fait souvent bande à part, depuis son élection il y a un an, avec ses idées différentes pour le développement de la ville. Se disant bien à l’aise dans ce boys club, elle n’a pas l’impression d’être exclue. «Mais je pensais que mes idées seraient plus soutenues par mes collègues», admet-elle.

Parce que ses propositions en matière de développement économique, social et durable sont avant-gardistes à bien des égards. Titulaire d’une maîtrise en Smart City Solutions, elle a étudié les moyens pour permettre aux villes de faire face aux défis des prochaines décennies.

Elle croit pouvoir apporter une perspective plus moderne pour le développement de Saguenay. « La gestion comme dans les années 80 ou 90 n’est plus adaptée. L’économie, ce n’est pas que de la création d’emplois, c’est de l’attractivité. On manque de main-d’oeuvre, alors il faut créer un milieu où les gens veulent venir vivre. »

Celle qui parcourt son district à pied et en trottinette propose davantage d’espaces verts et de synergie entre les quartiers. Ce qui peut parfois sembler mettre des bâtons dans les roues des promoteurs lorsqu’un projet est déposé au conseil d’arrondissement.

« Il faut avoir confiance en nous par rapport aux promoteurs. Ça fait partie des négociations de donner certaines conditions. Nous avons les outils comme le plan d’urbanisme et le schéma d’aménagement. Chaque décision est prise pour le futur et je me fais un point d’honneur de demeurer objective. »

LE STATIONNEMENT DE LA DISCORDE

Impossible de ne pas parler du stationnement à l’hôpital de Chicoutimi. La présidente du comité d’urbanisme continue de croire que ce dossier aurait dû être traité autrement.

« Ce que je déplore, c’est qu’on n’a pas profité de l’occasion pour voir ça différemment. Le vrai besoin, ce n’est pas le stationnement, c’est d’avoir accès à notre centre de services en santé. »

Elle explique sa pensée en nous disant qu’en 2022, on devrait voir le déplacement autrement qu’en auto solo. En réfléchissant à d’autres options, peut-être que le CIUSSS n’aurait pas eu besoin de construire une infrastructure de plus de 600 emplacements, explique-t-elle.

« Prenons le stationnement incitatif. Pour un employé, ça peut être beaucoup plus confortable de prendre la navette du Centre Georges-vézina et de se faire déposer à la porte de l’entrée que de devoir marcher du stationnement derrière la chaufferie à l’hôpital par temps froid et venteux. »

Vendredi dernier, ses collègues de Chicoutimi ont fait une sortie publique pour appuyer le projet du CIUSSS. Elle dit avoir été invitée, mais qu’elle n’était pas à l’aise d’y participer. Elle aurait préféré que les élus aient une position plus nuancée.

« Il faut des solutions et non des scénarios apocalyptiques. Si le tableau c’est de dire que sans stationnement ça va être le bordel, vous allez être dans les rues, l’hôpital va fermer et la région va fermer, ben coudonc, c’est normal de paniquer. Si on arrive avec

des solutions d’atténuation, on ne s’enflamme plus et on discute. »

IMAGINER SAGUENAY 2.0

Comment rendre Saguenay plus attrayante ? Certainement pas en copiant les autres villes, répond Mme Jean. « On peut s’inspirer de Trois-rivières ou de Sherbrooke, mais on ne doit pas les copier. Il faut être ce que l’on est, nous. »

Elle poursuit que chaque secteur doit trouver sa place pour ensuite mieux positionner la grande ville. Elle fait ainsi référence aux arrondissements, mais aussi à Laterrière, Shipshaw et aux centres-villes.

Mais avant tout, la conseillère municipale aimerait qu’une « vraie fusion » soit faite une fois pour toutes. « On se bat entre nous et ce n’est pas plaisant. On ne fait pas front commun. On est donc moins performant dans nos investissements et dans nos demandes par rapport aux autres gouvernements ou pour attirer des entreprises. »

Comme le futur de la ville passe d’abord par les quartiers, la conseillère du district 8 invite les citoyens, les 10 et 11 décembre. Elle fera son bilan de la première année et discutera des idées à mettre de l’avant pour la prochaine.