LeQuotidienSurMonOrdi.ca

LA CULTURE, C’EST IMPORTANT

mickael.bergeron@latribune.qc.ca MICKAËL BERGERON CHRONIQUE

Àpeu près toutes les municipalités ont des arénas. Du moins, pas besoin d’être une grande ville pour en avoir un. En fait, dans les grandes villes, les quartiers ont leur aréna.

Des petites municipalités comme Saint-denis-de-Brompton (4700 personnes), East Angus (3800 personnes), Stanstead (2800 personnes), Weedon (2700 personnes), Valcourt (2100 personnes) et même Notre-damedes-bois (1000 personnes) en ont un.

Sans vouloir relancer le débat, on note que Saint-denis-debrompton a un aréna, mais plus de service d’incendie.

Pourtant, personne ne s’attend à ce que ces villes aient des théâtres ou des salles de spectacles.

Mais pour quelle raison exactement ? Pourquoi pas ?

Retrouve-t-on réellement moins d’artistes que de sportifs au sein de la population ou est-ce simplement dû à comment on considère l’un et l’autre ?

Je dis ça comme ça, mais je connais beaucoup plus de parents prêts à débourser tous les frais et à se lever à 6 h le matin pour que son jeune puisse jouer au hockey que des parents prêts à en faire autant pour leur jeune qui veut jouer au théâtre ou apprendre la danse.

Je ne dis pas qu’il n’y en a pas là, je dis que le ratio est plus bas.

En fait, il n’y a pas tant d’options pour qu’une ou un jeune puisse s’initier au théâtre dès ses 8 ans, contrairement au hockey ou au soccer. Sauf des cours privés, peut-être. Un groupe au centre communautaire. Peut-être.

Pourtant, les intérêts artistiques se manifestent déjà à cet âge, comme ceux envers le sport. Pourquoi l’un est plus encouragé que l’autre ?

Gardez vos tomates pour vos salades, je ne cherche pas ici à relancer le puéril débat qui oppose sport et culture. Je n’ai aucun problème avec le financement des infrastructures sportives et des ligues jeunesse. Au contraire, c’est important.

Je me demande juste pourquoi la culture n’a pas le même déploiement.

Je ne dis pas non plus que tous les arénas sont en bon état ou récents, mais au moins il y en a. Ça ne signifie pas non plus qu’il ne manque pas des infrastructures, comme des terrains de soccer, des skateparks, mais s’il peut en manquer, ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien. Et personne ne conteste le besoin d’avoir ces installations pour les jeunes du patelin.

On a toutefois toujours un peu plus hésité à financer les infrastructures culturelles, même quand l’argent est là.

Les gouvernements québécois et canadien ont sorti 18 M $ pour un aréna de deux glaces à Magog le printemps dernier, un projet total de 35 M $. Certes, le projet a pris dix ans et a été refusé deux fois avant d’être approuvé, mais le gouvernement n’a jamais nié son importance, il était juste trop loin dans la pile. Et au moins, il existait déjà un aréna. Il n’y avait pas rien.

Ça fait maintenant 20 ans que des artistes tentent de convaincre de l’utilité de la salle intermédiaire à Sherbrooke. Un projet d’un peu moins de 22 M $ pour un service qui n’est pas comblé nulle part. Cette semaine, on a encore ergoté pour 1,8 M $.

Pourtant, le gouvernement québécois et la Ville de Sherbrooke ont déboursé 3 M $ juste pour mettre à jour le système de réfrigération de l’aréna Julienducharme en 2017.

C’est un autre exemple du manque de financement récurrent en culture. Ce n’est pas juste une question de file d’attente dans les priorités. C’est un manque de volonté politique.

Plusieurs considèrent que les salles de spectacles ne relèveraient que des projets privés. Comme les cabarets de l’époque. Les bars. Les cafés.

On ne les imagine que pour les grands spectacles, pas assez souvent pour la relève, pour les jeunes, pour les amateurs. On sait bien que les Hurricanes de la Caroline ne déménageront jamais à Weedon, où il y a quand même un aréna. On sait qu’il y a un autre but. Ce n’est pas différent quand vient le temps d’avoir une salle de diffusion : ce n’est pas nécessairement pour y accueillir Céline Dion, mais pour les artistes du coin.

Le culturel a souvent dû s’arranger avec les sous-sols d’église, avec les salles communautaires.

Toutes les villes n’ont pas de salle de spectacles. Même un petit lieu de diffusion.

Donc les ligues d’improvisation, les troupes de théâtre, les groupes de danse, les artistes du cirque, tout ce monde-là doit continuellement se casser la tête pour trouver un endroit pour performer, pour s’exercer, pour exister.

Et non, ça ne fitte pas toujours dans un bar. Surtout quand on parle de jeunes artistes ou d’un public mineur.

Les jeunes artistes devraient avoir autant de soutien et d’infrastructures que les jeunes sportifs.

Au lieu de le financer, on dit au milieu culturel de s’organiser, de se prendre en main, de s’autofinancer, de se vendre et d’être rentable. Comme si on demandait aux ligues de hockey mineur d’être rentables.

Cette mentalité, elle se fait sentir dans toutes les étapes, de l’initiation lorsqu’on est enfant jusqu’aux ligues majeures ou au vedettariat.

Un hockeyeur qui joue sur un quatrième trio, qui fait à peine dix points par année et que personne ne connaît peut quand même gagner 1 M $ par année. Pour faire un tel revenu, un artiste doit être au top. Même les meilleurs vendeurs sont souvent bien loin de ce revenu, même les acteurs ou actrices qui enchaînent les rôles.

Par exemple, l’actrice Anya-taylor Joy, qui est la vedette de la série à succès The Queen’s Gambit et qui sera la tête d’affiche du prochain Mad Max, ne touche « que » 1,8 M $ pour ce dernier rôle. Elle ne fait pas pitié, on s’entend, mais quand on compare, elle fait partie des 26 meilleurs salaires actuels de Hollywood, alors que c’est le 411e meilleur salaire de la LNH.

Malheureusement, la culture est souvent vue comme une dépense.

Mais que serait une société sans culture ?

On s’inquiète pour la préservation du français, mais on hésite à financer les projets culturels qui font vivre la langue et la diffusent la culture québécoise. On répète souvent qu’avoir de bonnes habitudes de vie signifie de faire un minimum d’activités sportives, comme aller marcher un peu tous les jours ou faire du sport d’équipe une fois par semaine. J’ai hâte qu’on répète aussi souvent que de bonnes habitudes de vie, c’est aussi de faire un minimum d’activités culturelles, comme lire un peu tous les jours ou faire une fois par semaine une sortie culturelle, comme le cinéma, le théâtre ou un musée.

Notre santé a aussi besoin de la culture.

ACTUALITÉS

fr-ca

2022-12-03T08:00:00.0000000Z

2022-12-03T08:00:00.0000000Z

https://lequotidien.pressreader.com/article/281925957039541

Groupe Capitales Media