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Dinosaure... vraiment ?

NORMAND BOIVIN nboivn@lequotidien.com NORMAND BOIVIN

N’étant pas présent sur les réseaux sociaux, je ne suis pas au fait des derniers drames qui se jouent sur la webosphère et pour ça, je peux compter sur ma collègue Patricia qui m’a sensibilisé au nouvel enjeu qui bouleverse la planète. Non, je ne parle pas des changements climatiques, une nouvelle somme toute anodine à côté du véritable enjeu qu’est l’utilisation du pouce « j’aime » ou « j’aime pas ».

Blessant, dépassé, hostile et désagréable sont les qualificatifs utilisés par la génération « Z » pour le décrire.

Vous savez quoi ? J’ai pas envie de commenter ça. Je pense que les Z n’ont pas assez de problèmes dans la vie, car comme tous les enfants-rois, ils vivent dans la bulle que leurs parents-hélicoptères ont bâtie autour d’eux et ils se cherchent des centres d’intérêt. Je ne me sens pas coupable, j’ai eu des millénariaux.

Cela dit, je ne me considère pas nul en technologie. Je ne suis pas un crack, car je n’ai pas voulu étudier là-dedans. Au cégep, au milieu des années 70, il y avait la technique informatique. Les gars (c’étaient tous des gars qui s’inscrivaient) passaient la journée à faire des trous dans des petites cartes. Rien d’attirant pour moi.

J’ai connu les premiers balbutiements de l’informatique à l’université Laval où, lors de mes études de deuxième cycle, j’ai rentré tous les résultats du référendum de 1980, pôle par pôle. Un travail de moine, car il ne suffisait pas de remplir des cases, mais il fallait entrer une série de codes avant et après chaque chiffre. Un travail plate au maximum, mais qui me payait comme assistant de recherches.

Au journal, j’ai travaillé avec l’underwood que je connaissais déjà fort bien, car je tapais tous mes travaux d’université, mais en 1985, on a commencé à travailler sur des petits claviers informatiques qu’un consultant avait « bazoutés » pour éliminer le papier. Quelle révolution !

C’est vrai que je n’ai pas été élevé avec l’iphone comme les jeunes, mais je ne suis pas tout à fait nul. Je fais partie de la première génération qui a embarqué dans l’informatique et c’est pour ça que je refuse l’étiquette de dinosaure.

Je n’ai aucun complexe face aux jeunes, bien au contraire. Car moi, avant de jouer avec des tablettes, j’ai appris à utiliser mon cerveau.

Au Séminaire, j’ai connu l’arrivée des premières calculatrices de poche, en secondaire II. Ça coûtait un prix de fou. Pour avoir une calculatrice capable d’extraire la racine carrée, j’avais déboursé plus de 100 $. Les calculatrices scientifiques sont arrivées peu après, mais c’était cher et compliqué à utiliser.

À cette époque, où tout le monde avait appris ses tables d’additions et de multiplications, c’était un luxe et il était interdit de les utiliser pendant les examens.

J’en viens à me demander si les jeunes apprennent encore les tables de mathématiques, car j’ai plusieurs occasions de constater qu’ils ne sont pas forts en calcul mental. Quand je vais dans un commerce et que je paie comptant, je souris toujours quand je les vois se mélanger et essayer de calculer le change dans leur tête. Si la facture est de 34,55 $, je vais donner, par exemple, 44,75 $ pour avoir un billet de 10 $ en retour. Quand je les vois s’empêtrer, je leur dis qu’ils me doivent 10,20 $ en souriant.

Alors, quand on se moque de moi parce que je ne suis peut-être pas toujours au sommet de la technologie, je leur réponds que moi je peux compter sur mon cerveau.

LE MAG

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2022-12-03T08:00:00.0000000Z

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