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UN SAUT DANS L’UNIVERS DES D’GINETTES

LILIA GAULIN lilia.gaulin@latribune.qc.ca LA TRIBUNE, JEAN ROY

Un nom, un visage, une plume... Mais connaît-on vraiment les journalistes des Coops de l’information? Non, bien sûr! Cette série est donc l’occasion d’en apprendre davantage sur les passions de certains d’entre eux: cannage, LEGO, oiseaux, canot...

Au cours des prochains mois, nous mettrons en lumière leurs intérêts divers et parfois surprenants. Voici nos journalistes comme vous ne les avez jamais vus.

Le vendredi, je sais que ce sera une belle journée. Peu importe la semaine que j’ai passée, dès 19 heures, tous mes soucis disparaissent. Je peux sortir le méchant et prendre une pause de boulot et d’études. Un tour de magie? Non. Juste un match de hockey avec des femmes passionnées.

Vers 18 heures, la petite frénésie hebdomadaire s’empare des corridors de l’aréna P.E. Lefebvre de Richmond. La raison? Les D’ginettes commencent à arriver. En passant par Drummondville, Windsor, Roxton Pond et Valcourt; certaines joueuses bravent parfois les tempêtes pour arriver à ce que j’appelle parfois ma thérapie.

L’aventure de celles qu’on appelle affectueusement les D’GI a commencé il y a environ sept ans. À l’époque, je jouais encore au hockey mineur. J’avais 15 ans. Je jouais avec les gars. Je suis allée remplacer quelques fois pour les D’ginettes. La ligue débutait. Certaines d’entre elles apprenaient à patiner. Je me rappelle avoir trouvé ça cool que des adultes, surtout des femmes, fassent tomber les barrières et organisent un match amical tous les vendredis. Plusieurs réalisaient un rêve de pouvoir enfin chausser les patins de hockey et non pas ceux de patinage artistique.

On va se le dire, la société a évolué, du moins, je l’espère. J’ai eu la chance de grandir dans une famille où même si j’étais une fille, j’ai pu jouer au hockey. Par contre, ça n’a pas été donné à tout le monde. Encore moins chez les femmes plus âgées (désolée les filles, je ne veux pas dire que vous êtes vieilles!). Quelques-unes

m’ont raconté que c’était simplement impensable pour leur famille qu’elles jouent au hockey. On leur disait de faire du patinage artistique ou de la ringuette. Mais, au fond d’elles, elles voulaient jouer au hockey.

Les D’ginettes sont donc pour elles le moyen de réaliser leur rêve. Enfin!

Les années ont passé. Je n’ai pas rejoué avec les D’GI durant plusieurs saisons. J’ai terminé mon hockey mineur et j’ai quitté l’estrie pour le Saguenay afin de faire mes études en journalisme. J’ai pris une pause de hockey.

À l’été 2021, j’ai eu envie de recommencer. J’ai écrit à la responsable de la ligue et je me suis inscrite dans la liste de remplaçantes.

Quelle surprise j’ai eue en rechaussant les patins ! Ce n’était plus du tout le même jeu qu’en 2015. Meilleures passes, meilleurs tirs, meilleur coup de patins, mais toujours autant de plaisir.

Les filles m’ont accueillie à bras ouverts dans leur grande famille, ça n’a pas été très long.

Je joue maintenant tous les vendredis. Je dois le dire, je trouve ça beau. Des amitiés qui se créent, de la simplicité, des fous rires et un baume sur les semaines plus difficiles, c’est ça les D’GI.

De l’extérieur, ça peut avoir l’air d’une ligue de garage, comme les autres. Mais non. Elle est unique. Ces filles-là n’ont pas hésité à apprendre un nouveau sport pour certaines vers la quarantaine. Plusieurs femmes n’auraient pas osé par crainte de l’échec ou en raison des multiples occupations quotidiennes.

Du haut de mes 22 ans, je suis la plus jeune. Certaines ont 26 ans, 35 ans, 44 ans ou 50 ans. Mais, après tout, l’âge, c’est simplement un nombre non?

Chez les D’GI, ce n’est pas le calibre qui compte, mais le dépassement de soi.

C’est notre petite coupe Stanley chaque vendredi soir. On se donne à 100 % dans la bonne humeur. Je ne nommerai pas de noms, mais je ne peux pas passer sous silence les petites danses de certaines entre les périodes ou les mises au jeu. Vous saurez vous reconnaître. Sachez que vous faites mes soirées.

Que dire des talents de chanteuse de certaines (je m’inclus ici).

Avant le début du match, on discute de tout et de rien. Des niaiseries, il s’en dit. Je ne peux certainement pas m’aventurer sur ça ici, mais disons qu’un vestiaire de hockey restera toujours... un vestiaire de hockey même s’il est occupé par des filles. De belles histoires, il y en a plus d’une.

Avant un match où je jasais justement de l’idée de faire une chronique sur les D’ginettes, Michelle m’a raconté qu’avant de commencer le hockey, elle s’achetait une pièce d’équipement par année. Elle savait qu’un jour, elle allait jouer. À un moment, l’opportunité s’est enfin présentée.

Sonia, la gardienne, a commencé à garder les buts vers l’âge de 37 ans. Brave n’est-ce pas? Plusieurs travaillent dans le domaine de la santé. Disons qu’avec notre système, il n’est pas rare qu’elles utilisent leur vendredi soir pour ventiler.

Après le match, les rires et les discussions continuent parfois même autour d’une bière (ou deux) à la microbrasserie située à deux pas de l’aréna.

Des souvenirs gravés à jamais se créent tous les vendredis.

Les filles, vous êtes inspirantes. Longue vie aux D’ginettes.

LE MAG

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2022-12-03T08:00:00.0000000Z

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