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QUELS GENRES DE BIBITTES AURONS-NOUS CET ÉTÉ?

CAROLYNE LABRIE clabrie@lequotidien.com ROCKET LAVOIE — ARCHIVES LA TRIBUNE

L’idée initiale était de faire ce traditionnel texte printanier dans lequel on prédit s’il y aura beaucoup ou peu de moustiques et autres insectes qui nous dérangeront pendant nos activités estivales. Premier réflexe: envoyer un message à l’entomologiste vedette de la région, Robert Loiselle. Il n’a toutefois pas répondu ce qu’on anticipait.

« La semaine dernière, avec mon ami Jacques, nous avons vu notre première nymphe de luciole boréale au parc de la Rivière-dumoulin ! » Le ton était donné pour l’entrevue. Ça sera une conversation sur les insectes à découvrir ou à redécouvrir. Il n’avait pas envie de ressasser les mêmes histoires sur les indésirables. « Les deux seuls avec lesquels il faut faire réellement attention, ce sont les guêpes et les tiques. Je ne suis pas là pour faire peur aux gens, mais il faut être prudent. »

Malgré des décennies à observer ces petites bestioles, l’entomologiste en apprend encore. « Il y a trois ans, en effectuant une recherche sur les lucioles, je me suis rendu compte que je ne les connaissais pas. Saviez-vous qu’il y a 16 espèces de lucioles au Québec, dont la majorité émettent de la lumière ? »

Parmi celles-ci, il y a la luciole boréale, celle qui est en pleine mutation présentement au parc de la Rivière-du-moulin. « Ce qu’il y a de particulier, c’est que la larve est dans les feuilles au sol au printemps et ensuite, elle grimpe dans les arbres et s’ancre sur l’écorce. Autour de la Saint-jean-baptiste, la nymphe va s’ouvrir à son tour pour laisser l’adulte sortir. »

DES ESPÈCES EN DIMINUTION

On passe de la luciole à l’abeille sauvage. Le scientifique retraité de L’UQAC se désole de ne pas en avoir vu encore une de tout le printemps. Et ce, même s’il ne tond pas son gazon en mai, comme le veut la nouvelle tendance.

La problématique est beaucoup plus large, souligne-t-il, en pointant du doigt les insecticides, largement utilisés dans l’industrie agricole au pays. « Oui, il y a une tendance vers le bio, mais les consommateurs n’acceptent pas d’avoir trois pucerons dans leur laitue. Pourtant, on n’a qu’à la rincer pour les enlever. »

Même chose pour les bourdons. Le fin observateur n’a aperçu qu’une seule femelle depuis le début du printemps.

La conversation dévie vers le monarque, cette espèce « carrément en voie de disparition », d’abord parce que les dérèglements climatiques perturbent son hibernation au sommet du Sierra, au Mexique.

Puis, pendant le voyage au printemps vers les États-unis, ce papillon ne trouve pratiquement plus d’asclépiades, une plante vivace, pour se ravitailler. « Il y en a de moins en moins de cette plante, aux États-unis, en raison de l’agriculture industrielle et intensive. Il n’y a plus d’îlots sauvages. »

C’est pour cette raison que plusieurs villes québécoises, dont Saguenay, sont devenues des villes amies du monarque. L’objectif est d’augmenter la taille des surfaces pour l’asclépiade.

EST-CE QU’IL Y AURA BEAUCOUP DE MOUSTIQUES CET ÉTÉ ?

Le temps file. Alors on se risque à reposer la question que tout bon Québécois veut savoir : est-ce qu’il va y avoir beaucoup de maringouins cet été ?

« Pour les moustiques de la fonte des neiges, ils ne sont pas nombreux, répond Robert Loiselle. Au Saguenay, la neige est passée de solide à vapeur sans faire beaucoup d’eau, ce printemps. Les larves aiment les étangs et l’eau stagnante. D’ailleurs, saviez-vous que seules les femelles piquent ? » Le professeur retraité n’est jamais bien loin pour nous en apprendre davantage.

En ce qui concerne les maringouins des crues, ça va dépendre de la pluie qui tombera au cours du printemps, explique l’entomologiste. Lorsqu’il y a de grandes averses, les points d’eau stagnante se remplissent et les larves s’y logent.

Il nous conseille de ne pas avoir de récipient sur notre terrain avec de l’eau stagnante pour éloigner les moustiques. « Des barils, des petites piscines pour enfants ou une brouette où s’accumule de l’eau, à la longue, il va y avoir des algues et les larves de maringouins aiment ça. »

Les petites mouches noires devraient être en quantité normale. Pour les autres, nous verrons bien.

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2023-06-03T07:00:00.0000000Z

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