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DES PISTES POUR SAUVER LE BIO AU QUÉBEC

Face à un tableau aussi sombre, tous ne baissent pas les bras. Il existe au moins quatre pistes de solution qui méritent d’être explorées.

CÉLINE FABRIÈS

1. CONSCIENTISER LES CONSOMMATEURS

Tous les indicateurs poussent vers une consommation locale, saine et la plus propre possible. « On entend parler de sécheresse, de problèmes avec l’eau. Les gens sont de plus en plus malades. Ils doivent savoir ce qu’ils consomment, sans parler des GES avec le transport des produits importés », insiste le président de L’UPA, Martin Caron.

Pour Émilie Viau-drouin, directrice générale de la Coopérative pour l’agriculture de Proximité Écologique (CAPÉ), l’une des solutions passe par l’éducation de la population.

« Un client au marché m’a dit : “Ça n’a pas de sens, 5 $ pour de la rhubarbe”. Je lui ai répondu que je devrais la vendre deux fois plus cher pour pouvoir vivre décemment. Finalement, il m’en a acheté deux. Les agriculteurs, quand ils augmentent les prix, ça leur brise le coeur. Ils veulent rester accessibles pour la population, mais les gens ne se rendent pas compte de tout le travail derrière. »

2. FACILITER LA CERTIFICATION DES PRODUCTEURS

Les différents acteurs du secteur agricole reprochent entre autres aux gouvernements québécois et canadien de ne pas faire leur part pour valoriser les exploitations biologiques.

« La certification biologique canadienne est l’une des plus sévères au monde. Je me pose de sérieuses questions sur la qualité des produits importés. La loi est censée être la même pour les produits qui entrent sur le territoire canadien. Mais dans la réalité, on s’aperçoit que c’est loin d’être le cas », peste Jean-julien Plante, copropriétaire de Ohbio Ferme sur l’île d’orléans, certifiée biologique depuis 2019.

Selon le président de L’UPA, Martin Caron, les États-unis et l’europe soutiennent beaucoup plus l’agriculture biologique. « L’état américain assure 50 % des frais de certification. Au Canada, on demande de remplir beaucoup de paperasses qui ne servent à rien. Ça n’amène pas plus d’efficacité pour la production et l’environnement. Ce sont juste des données », cite-t-il en exemple.

M. Caron insiste sur le fait que le gouvernement doit mieux soutenir les agriculteurs : « On est le garde-manger des Québécois. Ce n’est pas une dépense de nous soutenir et d’informer la population sur les enjeux et l’importance de manger local. L’autonomie alimentaire passe par là ».

3. ENCOURAGER LES « QUASI BIOS »

Pour le professeur de l’université Laval Patrick Mundler, les pouvoirs publics ont décidé d’améliorer les pratiques et de diminuer les pesticides plutôt que de favoriser la culture biologique, qu’elle soit certifiée ou non. « Certains agriculteurs, sans posséder le label bio, entreprennent beaucoup d’efforts pour ne pas utiliser de pesticides et le marché ne le reconnaît pas. Aucun label ne les distingue », critique-t-il.

C’est le cas de la ferme de Jérôme Ouellet. « Je cultive bio depuis 2018, mais je n’ai pas demandé la certification. J’ai une relation de confiance avec mes clients. Il est nécessaire d’éduquer les consommateurs sur les produits non saisonniers qui se retrouvent sur les tablettes des épiceries », estime-t-il.

4. RÉINVENTER L’OFFRE

Qu’ils soient certifiés bio ou non, les producteurs de fermes de proximité vont devoir s’adapter au marché et revoir leur modèle d’affaires pour répondre adéquatement à la demande des consommateurs.

« On s’aperçoit que les clients préfèrent choisir leurs légumes. Les paniers ne correspondent peut-être plus à la manière de vivre des clients. On a créé un kiosque et un mini-marché, en partenariat avec une brasserie », indique M. Ouellet.

Les agriculteurs attendent également du gouvernement une plus grande publicité des produits locaux et bio, ainsi que la création de partenariats avec des institutions gouvernementales comme les CIUSSS. « Mettons plus de bio dans les assiettes des CHSLD », disent-ils.

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