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UNE ÉLECTRIFICATION À «LA MESURE DES BESOINS»

PAUL-ROBERT RAYMOND praymond@lesoleil.com

La Société des traversiers du Québec (STQ) prévoit à terme électrifier sa flotte de traversiers «à la mesure des besoins de remplacement» de ceux-ci. Cependant, il reste à savoir quelle sera la cible que la STQ voudra atteindre. Entretien avec Greta Bédard, la PDG de la société d’état.

Difficile de ne pas faire le parallèle avec la Norvège. Le pays scandinave est souvent cité en exemple dans la transition des véhicules vers l’électricité. Mais aussi, il est très en avance en ce qui concerne l’électrification de ses traversiers, tant pour les véhicules que pour les piétons.

Par exemple, le traversier MV Ampere a été le premier traversier électrique en Norvège, qui a été mis en service en 2015. Il assure le lien entre Lavik et Oppedal. Maintenant, la moitié des traversiers du pays nordique sont électrifiés. L’an dernier, on nous rapportait que près de la moitié des 825 traversiers norvégiens étaient électriques (lescoops.info/3mwj5cu).

Alors, qu’en est-il avec la STQ ?

On peut d’ores et déjà affirmer que cela a commencé avec l’annonce en janvier 2023 de la construction de trois traversiers électrifiés dès 2026, avec une motorisation d’appoint au diesel qui servira de génératrice. Deux de ces traversiers seront affectés au lien Sorel/saint-ignace-de-loyola et l’autre à L’isle-aux-coudres.

« On parle ici de navires électriques rechargeables. C’est-àdire que ce sont des moteurs électriques qui vont fonctionner toute la journée dans leurs opérations, avec une recharge qui sera faite sur un aller-retour. Soit aux 40 minutes, on va prendre 10 minutes pour recharger les batteries, explique Mme Bédard. Et lorsqu’on parle de source alternative, c’est une génératrice qui va permettre d’assurer les transits. Lorsqu’on va se déplacer d’une place à une autre pour les cales sèches, les arrêts techniques ou aller relever une autre traverse, évidemment, on a besoin de redonner le courant aux moteurs électriques. On va quand même regarder les types de carburants potentiels. »

Pour ceux qui suivent un peu l’actualité automobile, ce que présente Mme Bédard ressemble au principe de la Chevrolet Volt...

CIBLES À VENIR

Mais au-delà de l’annonce de janvier dernier, est-ce que la STQ a établi des cibles pour l’électrification de sa flotte de traversiers à moyen ou à long terme ?

« On a un plan de développement durable, mais qui n’est pas encore publicisé. On est en train de l’élaborer. Il y aura une cible de performance au niveau de l’électrification de nos navires. »

Cette cible ne peut pas être révélée, poursuit la PDG, car elle n’a pas été approuvée par le conseil d’administration de la STQ.

Mais Mme Bédard promet une cible « réaliste, mais ambitieuse ». « Dans le renouvellement de notre plan de développement durable, c’est clair qu’on a une cible. On travaille à regarder dans nos prochains plans de modernisation comment on pourrait atteindre en 2030, en 2040 et en 2050, certaines cibles avec des jalons. On a vraiment un objectif d’électrification et d’atteindre la carboneutralité. […] La ministre [Geneviève Guilbault] nous a donné la mission de donner l’exemple et de tracer la voie. »

Au-delà de donner présentement l’accès gratuit aux véhicules électriques, la STQ veut aussi tendre vers des changements des habitudes des gens. « On regarde la mission de la traverse Québeclévis. Je ne sais pas ce qu’elle va devenir à terme. Est-ce que ce sera pour les piétons ou pour l’automobile ? En ce moment, on réfléchit à la technologie, lancet-elle. Évidemment, une traverse de courte durée comme celle de Québec-lévis pourrait très bien se prêter [à une desserte électrifiée]. Il y a beaucoup de navettes à travers le monde, qu’elles soient pour piétons ou automobiles, qui sont électriques. »

Au moment opportun, la STQ ira en appel d’offres, tout en respectant les accords de commerce international. « Les chantiers québécois qui souhaitent soumissionner sont évidemment les bienvenus », dit-elle. Dans la mesure qu’ils peuvent se qualifier, précise la PDG.

« Avec les trois navires [annoncés en janvier], on espère pouvoir répéter le modèle sur d’autres liaisons. Par contre, il faut faire attention, la technologie avance vite. Pour nous, le cycle de conception, c’est six ans, plus une espérance de vie qui va jusqu’à 60 ans, nuance-t-elle. Traverser le cycle de vie de 60 ans d’un navire en sachant que la technologie évolue... C’est sûr qu’on pense à la technologie électrique, mais on demande à nos services d’ingénierie et aux gens de l’industrie de réfléchir à comment ne pas être désuet dans 60 ans. »

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2023-06-03T07:00:00.0000000Z

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