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Au coeur de nos meutes

DAVID PAGÉ Directeur conservation et éducation

Parmi les animaux qui marquent le plus l’imaginaire collectif, on compte sans conteste les loups. Que ce soit dans les contes et les légendes, ou même dans les histoires plus modernes, ces prédateurs populaires laissent une forte impression. Au Zoo sauvage aussi, ils figurent parmi les animaux qui fascinent. On y trouve en fait deux meutes, qui peuvent toutes les deux être observées à bord du Train boréal, dans le Parc des sentiers de la nature. Bien sûr, puisque le loup est un prédateur particulièrement efficace, nos deux meutes ne cohabitent pas avec le reste des espèces de cette vaste forêt de 324 hectares, comme c’est le cas par exemple avec les ours et les cerfs de Virginie. Pour protéger les hardes d’herbivores qui peuplent le Parc des sentiers de la nature, les loups se trouvent plutôt dans deux grands habitats qui bordent le chemin que prend le train.

Dans l’habitat à gauche du sentier, les visiteurs ont la chance de pouvoir observer nos charismatiques loups arctiques. Ces loups un peu plus trapus et courts sur pattes que leurs cousins des forêts québécoises ont une coloration particulièrement sublime. Tout de blanc, ils sont bien avantagés pour chasser dans les régions enneigées du Nord. De l’autre côté, sur la droite, on peut observer des loups gris que l’on trouve plus communément à nos latitudes. Ces deux meutes constituent deux sousespèces différentes de la même espèce, soit Canis lupus, qu’on appelle souvent le loup gris ou loup commun. chassent dans la toundra, les loups ont cependant le même régime alimentaire : ce sont des carnivores. En nature, grâce à leur coopération renommée, ils peuvent s’en prendre à des animaux bien plus grands qu’eux, comme les orignaux ou les bisons. On comprend bien pourquoi ce ne serait pas une bonne idée de les laisser cohabiter avec les autres espèces du Parc. Cela peut sembler étrange, quand on sait que les ours noirs déambulent à quelques mètres à peine des cerfs et des caribous. En fait, les ours noirs sont des omnivores opportunistes qui mangent principalement des végétaux en nature. Ils ne chassent que lorsque l’investissement en vaut la peine, soit très rarement. Au Zoo sauvage, comme ils sont très bien nourris par les gardiens animaliers, ils n’ont aucun intérêt à chasser.

Les loups, en revanche, demeurent des prédateurs dont l’instinct de chasse est très fort. Leur alimentation au Zoo est variée. Ils reçoivent des pièces de viande et des enrichissements divers, mais ont accès en tout temps à des croquettes à canidés qui contiennent tous les éléments essentiels à leur bon développement. Ce sont les gardiens animaliers du Parc des sentiers de la nature qui sont responsables de les nourrir. Ceux-ci vont d’ailleurs visiter les deux meutes régulièrement afin de leur offrir des enrichissements. Par exemple, nos gardiens peuvent distribuer des aliments un peu partout dans l’habitat, ce qui peut stimuler les loups à fouiller davantage à l’aide de leur excellent odorat, comme ils le feraient en nature. Ils peuvent également leur donner des os, des quartiers de viande ou des objets imprégnés d’odeurs de proies. Tout est mis en oeuvre pour leur offrir des défis variés.

L’équipe du Zoo sauvage est fière de présenter le loup gris à ses visiteurs. C’est une espèce à la fois populaire et pourtant méconnue. Comme bon nombre de prédateurs, elle a été longtemps chassée et persécutée, notamment durant la colonisation du Québec. Le loup a perdu beaucoup de territoire, tant en Amérique qu’en Eurasie. Pourtant, il s’agit d’une espèce fort importante dans son écosystème, un message que notre équipe d’éducation se fait un devoir de mettre de l’avant. À titre de prédateur, le loup exerce un contrôle sur les populations d’herbivores qu’il chasse. Souvent, les meutes s’attaquent aux individus les plus faibles ou à ceux qui sont malades. Cela a pour avantage de garder les populations en meilleure santé. Également, en chassant ces animaux, ils contrôlent leur nombre et assurent ainsi qu’ils ne soient pas trop nombreux pour ce que l’écosystème peut supporter. En nature, tout est une question d’équilibre. Trop d’herbivores peut représenter un problème, en particulier sur la végétation, qui ne peut se régénérer au rythme qu’elle est broutée.

Heureusement, l’opinion sur les loups change petit à petit. On réalise désormais l’importance de cette espèce dans son milieu et elle est protégée en conséquence. À certains endroits, l’espèce fait un retour plus que bénéfique. Par sa mission, le Zoo sauvage est très heureux d’informer ses visiteurs quant à l’écologie et le statut de cette espèce. Les loups sont peut-être des animaux connus par le public, mais ils gagnent beaucoup à être découverts sous un autre jour. Lorsque vous passez entre nos deux habitats, ouvrez bien les yeux, mais également les oreilles! L’un de nos conducteurs de train pourrait peutêtre vous révéler un fait fascinant sur ce prédateur mythique.

Le loup est réputé pour ses hurlements. Au Zoo sauvage, il est d’ailleurs possible d’entendre les deux meutes hurler par moments, particulièrement à l’aube et au crépuscule. — PHOTO COURTOISIE, ZOO SAUVAGE

LE MAG

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2023-06-03T07:00:00.0000000Z

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