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Nouveau virus, nouvelle approche

JEAN-MARC SALVET jmsalvet@lesoleil.com — ARCHIVES LA PRESSE

On ne cesse de lire et d’entendre depuis des semaines des spécialistes de partout dans le monde affirmer, données en main, que le variant Omicron est certes plus contagieux, mais moins dangereux que le Delta, surtout pour les personnes vaccinées – qu’il est presque un autre virus au fond. Dans cette optique, il est intéressant que l’on commence ici et ailleurs à vouloir en tirer des conséquences, que l’on modifie le logiciel des 22 derniers mois et que l’on cesse de marcher sur la tête en continuant de faire comme avant.

S’il est encore trop tôt pour dire que l’on doit vivre avec le virus, on doit maintenant au moins composer davantage avec lui, avec sa version Omicron.

Composer avec le virus, composer avec la nouvelle situation, c’est ce à quoi nous invite le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Vincent Oliva.

Jeudi, il disait à La Presse+ que pour éviter que le système de santé continue de mettre de côté des milliers et des milliers de patients qui attendent une intervention chirurgicale ou des traitements contre le cancer, il convenait de ne plus isoler automatiquement les travailleurs du réseau en contact avec Omicron.

Poursuivre dans cette direction accentuera toujours plus le problème, estime-t-il.

En théorie, les travailleurs de la santé asymptomatiques peuvent déjà être rappelés au travail en cas de ruptures de services. Mais le Dr Oliva croit que ce retour au travail pour les asymptomatiques devrait se faire de « façon systématique ».

Il ne banalise pas le virus. Il invite tout le monde à aller chercher sa troisième dose parce que le vaccin « change le profil de maladie des patients ».

Mais il note que le personnel de la santé est très largement vacciné. Et rappelle que près de la moitié des personnes hospitalisées dans des lits de courte durée et infectées par le coronavirus sont à l’hôpital pour autre chose.

QUITTER LA BOÎTE

En situation de crise, il faut sortir de la quête de la perfection. Les choses n’étaient déjà pas parfaites « en temps normal ». Elles ne le seront pas pendant un certain temps encore.

Mais la vie doit sortir de la boîte. Surtout qu’elle y a été enfermée ces derniers temps beaucoup plus au Québec que partout ailleurs en Occident.

En passant, la mise en place de la proposition du président de la FMSQ serait plus efficace que le projet, encore très loin d’avoir abouti, d’un impôt destiné aux non-vaccinés. Elle aurait un effet quasi immédiat sur la capacité des hôpitaux à gérer le haut niveau d’hospitalisation.

L’élargissement du passeport vaccinal à de nombreuses grandes surfaces sera sans doute aussi plus rapidement efficace que ce projet de contribution financière d’abord pensé pour calmer la grogne des personnes vaccinées.

En parlant comme il l’a fait, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec contribue à un nécessaire virage. Car l’agent pathogène s’est établi dans l’environnement humain. Il ne disparaîtra sans doute pas. Il faut et faudra composer avec lui.

Le gouvernement n’a pas pour l’instant retenu la proposition de M. Oliva. Mais en insistant jeudi sur le fait que l’actuel coronavirus est bien différent du variant Delta, les François Legault et compagnie ont eux aussi lancé le signal qu’il faut commencer à voir les choses différemment.

LE RETOUR EN CLASSE

La confirmation de l’ouverture des écoles primaires et secondaires dès lundi constitue une excellente nouvelle, même si ce retour n’ira pas sans de nombreuses difficultés d’organisation. Ce retour témoigne qu’un changement d’approche s’amorce.

Les cégeps et les universités ont aussi obtenu le feu vert de la Santé publique du Québec pour accueillir leurs étudiants en personne, bien que dans leur cas, « autonomie » oblige, ils jouissent d’une « certaine marge de manoeuvre pour s’ajuster » – pour reprendre les mots de François Legault.

Le maintien des classes ouvertes devait demeurer une priorité sociale. Il est rassurant pour le présent et l’avenir des élèves et des étudiants que le nouveau directeur national de santé publique, Luc Boileau, perçoive à cet égard les choses de la même manière que son prédécesseur, Horacio Arruda.

Cette poursuite des activités d’enseignement est bien évidemment rendue possible par le fait que le coronavirus le plus en circulation au Québec a perdu en capacité létale par rapport à son prédécesseur, du fait de sa nature, et grâce à la vaccination et aux mesures barrières comme le port du masque.

Les inquiétudes des uns et des autres, d’enseignants et de nombreux parents, sont parfaitement légitimes. Nous devons encore intégrer que l’omicron est différent de ses prédécesseurs.

Ça n’a pas bien été. Ça n’ira pas bien tous les jours. Nous devons accepter que tout soit encore plus imparfait qu’en temps normal pendant un certain temps.

Tous ceux qui s’appuyaient sur la Santé publique il y a des mois pour accepter les multiples contraintes qui étaient imposées n’ont pas de raison aujourd’hui de se détourner de ce qu’elle propose maintenant.

L’état devra bien entendu soutenir sans relâche et au maximum les enseignants.

CHRONIQUE

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2022-01-15T08:00:00.0000000Z

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