L’effet COOP, c’est quand l’entrepreneuriat devient le repreneuriat collectif

«L’entrepreneuriat qui évolue vers le repreneuriat collectif doit sortir de l’ombre dans notre société. Plusieurs organismes en parlent et il demeure tout de même méconnu. L’effet coop est pourtant remarquable par sa pérennité autant que par les leviers sociaux qu’il procure.»

Marie-josée Paquette, directrice générale, CQCM «La participation des travailleurs ou de la communauté dans la reprise collective d’une entreprise est à la fois la meilleure façon de maintenir les emplois au Québec et une stratégie essentielle pour donner aux collectivités les moyens de répondre à leurs propres besoins ».

Béatrice Alain, directrice générale, Chantier de l’économie sociale

Des milliers de petites, moyennes et grandes entreprises du Québec sont ou seront à court terme, en situation de transfert vers de nouveaux propriétaires. Plusieurs d’entre elles devront envisager l’option collective pour assurer une transition locale, adaptée à la réalité de leurs milieux, pérenne et bénéfique pour le Québec. Le repreneuriat collectif prend la relève de l’entrepreneuriat qui a construit les régions du Québec moderne. Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) et le Chantier de l’économie sociale font entendre leurs voix au nom d’un écosystème performant en accompagnement et en financement de projets collectifs porteurs.

Au Québec, il y aurait environ 248 000 entreprises, comptant majoritairement moins de 99 employés, qui se retrouveront en transfert potentiel de propriété. Leur avenir rapproché passe par un transfert à des membres de la famille, par un rachat via des fonds d’investissement, par une prise de contrôle de la concurrence ou pire, par une fin des opérations. Le repreneuriat collectif est une alternative qui a fait ses preuves, mais qui demeure méconnue dans l’environnement d’affaires québécois.

L’effet COOP en optant pour le repreneuriat collectif, c’est le maintien au Québec d’un siège social ou d’une composante stratégique d’une chaîne de valeur globalisée. C’est la victoire d’une communauté engagée, de travailleurs dévoués, de clients loyaux, de producteurs motivés, d’organisations compétentes en accompagnement ainsi que d’institutions de financement face à la réalité économique dont les règles du jeu sont déshumanisées. C’est une entreprise qui fait la fierté de son patelin, donc qui évite de se transformer en un site géolocalisé sur une carte du monde.

Cent vingt-cinq (125) reprises collectives ont été répertoriées sur 10 ans et une tendance à la hausse se dessine depuis le début de la crise sanitaire. Toutes les régions du Québec sont des terreaux fertiles dans plusieurs secteurs de l’économie, dont notamment la fabrication, le commerce de détail, les soins de santé, les services et l’agroalimentaire. Le développement ou la sauvegarde des entreprises reprises représentent principalement les facteurs moteurs qui ont mené à la conversion des cas étudiés. Maintenir les activités socio-économiques locales tout en préservant les services de proximité et les emplois sont souvent évoqués dans les médias, surtout dans les situations de reprise impliquant des entreprises de plus petite taille (CÉRSÉ, novembre 2020).

L’effet COOP généré par le repreneuriat collectif se manifeste ainsi sur le tissu social et économique local. Ces nouveaux employeurs, gouvernés collectivement, deviennent des vecteurs d’enrichissement des communautés qui voient survivre une entreprise bien de chez elles. Le savoirfaire familial ou typique d’un milieu, transmis de génération en génération, fait la renommée de plusieurs régions et de grandes villes.

Les défis de réussir un transfert en mode collectif amènent les cédants et le collectif de repreneurs à se respecter mutuellement, car les étapes à franchir sont spécifiques à ce modèle. Une première condition de succès consiste à s’adjoindre des services-conseils d’accompagnement reconnus. Grâce à ce partage d’expertise, les programmes de soutien financier au repreneuriat collectif seront rapidement identifiés.